Militante convaincue du PDL, le parti de Silvio Berlusconi, Beatrice Lorenzin est la nouvelle ministre de la Santé italienne. Sa nomination a fait sursauter ses compatriotes qui soulignent son manque d’expérience.
Le curriculum vitae de Beatrice Lorenzin se résume sur deux lignes : baccalauréat littéraire ; militante du PDL, le parti fondé par Silvio Berlusconi en 2008. Rebaptisée la Meg Ryan romaine pour sa ressemblance avec l’actrice américaine, la nouvelle ministre de la Santé fait partie du cercle des fidèles du milliardaire.
Ancienne coordinatrice nationale de Forza Italia, le parti créé par le Cavalier en 1993, Beatrice Lorenzin dirige le secrétariat de Paolo Bonaiuto sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, de 2004 à 2006. Deux ans plus tard, elle est élue députée à l’occasion des législatives après la chute du gouvernement de Romano Prodi.
Un portefeuille en déprime
Une expérience plutôt maigre, tonnent les détracteurs de la nouvelle ministre, compte tenu des défis qu’elle devra relever. L’an dernier, le montant des dépenses de la Santé publique a représenté 1,7 % du PIB italien, soit quelque 150 milliards d’euros. Après les coupes introduites d’abord par l’exécutif Berlusconi (avant sa mise en retraite gouvernementale anticipée en novembre 2011), puis par les technocrates de Mario Monti, le secteur de la santé est en pleine déprime.
En deux ans, l’enveloppe des dépenses a été réduite de 31 milliards d’euros. Dans les hôpitaux, près de 7 400 lits ont été supprimés et 160 structures publiques disséminées sur l’ensemble du territoire ont été fermées. Aux urgences, les médecins débordés après la fermeture de plusieurs centres sont au bord de la crise de nerf. Sans parler des scandales de pot-de-vin qui explosent ponctuellement. Voilà pour la description du portefeuille que Beatrice Lorenzin va devoir gérer.
Des positions « pro-vie »
Pour le reste, les déclarations et les récents engagements de la ministre de la Santé contrarient une bonne partie des Italiens. Notamment en ce qui concerne ses batailles contre l’avortement et pour l’acharnement thérapeutique, Beatrice Lorenzin étant « pro-vie ».
Il y a trois ans, le gouvernement Berlusconi avait présenté son « agenda biologique » au Parlement. Un programme en cinq points axé sur la recherche, l’éthique, l’acharnement thérapeutique, le handicap et l’utilisation de matériel biologique. Durant les débats, la future ministre avait défendu l’hydratation et l’alimentation artificielle dans les cas de fin de vie. Des positions qui avaient fait sursauter plus d’un député et d’un Italien, encore sous le choc après l’affaire Eluana Englaro – un an auparavant, la famille de cette Italienne plongée dans un coma irréversible pendant 17 ans après un accident de voiture avait déclenché un débat politique et médical sans précédent en réclamant le droit de laisser leur fille mourir dignement.
Pour l’heure, la nouvelle ministre doit s’atteler à trois dossiers importants. D’abord, le plan de réduction des dépenses publiques, adopté l’an dernier par l’équipe de Mario Monti et qui touche de plein fouet la santé. Puis, l’ouverture des centres sanitaires 24/24. Enfin, les politiques pharmaceutiques, la filière étant en pleine déprime en raison de la crise.
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