Il y a près d'un mois, Emmanuel Macron, lançait les travaux du conseil national de la refondation (CNR) à Marcoussis. Ce lundi 3 octobre, c'est le volet santé du CNR qui a officiellement été installé, au Mans (Sarthe), par le ministre de la Santé François Braun et la ministre déléguée à l'organisation territoriale Agnès Firmin Le Bodo, sous l'œil parfois dubitatif des représentants du secteur (syndicats de professionnels de santé, associations de patients, fédérations hospitalières).
Dans un département où la désertification médicale est particulièrement forte, le ministre de la Santé, citant Raymond Barre, a appelé les quelques centaines de participants à « façonner ensemble » un « nouvel avenir » pour le système de santé. À plusieurs reprises François Braun et Agnès Firmin Le Bodo ont répété à l'envi la méthode – très macronienne – de laisser la main aux acteurs et élus dans les territoires.
À ce titre, deux restitutions des travaux engagés localement depuis vendredi dernier ont eu lieu, où des professionnels de santé sarthois ont proposé des solutions pour améliorer la permanence des soins ou renforcer l'attractivité des territoires. L'ensemble des parties prenantes des autres territoires devraient se mettre au travail dès la semaine prochaine et seront à l’œuvre jusqu’à la fin de l’année, avant un premier bilan en janvier, indique le ministère.
Accès universel
Si les objectifs et le calendrier de ce CNR santé étaient jusqu'à présent assez flous, plusieurs thématiques ont été évoquées par la ministre déléguée à l'organisation des soins, comme « l'égal accès à la santé », alors que 87 % du territoire est en zone sous-dense ou encore la crise des vocations des soignants. « Nous devons apporter des solutions concrètes et pragmatiques », a indiqué l'ancienne députée havraise. Pour autant, ces travaux ne partent pas « d’une page blanche » et des solutions comme les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), le service d'accès aux soins (SAS), ou les protocoles de coopération, notamment avec les IPA, existent déjà, a rappelé Agnès Firmin Le Bodo.
De fait, la journée a été l'occasion pour François Braun de détailler sa politique, au-delà du CNR et pour les prochaines années. « Le seul et unique but que je poursuivrai en tant que ministre est de promouvoir l’accès universel à notre système de santé, d’en refonder les bases et d’en assurer la transition vers un système durable que nous laisserons aux générations futures », a détaillé l'urgentiste, alors que six millions de Français n'ont pas de médecin traitant.
10 000 assistants médicaux
Pour cela, le locataire de Ségur a évoqué pêle-mêle plusieurs pistes, à commencer par la santé des soignants, sur laquelle planchera Agnès Firmin Le Bodo. Mais surtout, d'ici la fin du quinquennat, chaque Français devra pouvoir trouver un médecin traitant. Les CPTS devront se mobiliser sur ce sujet – qui fait déjà partie de leurs missions – et sont amenées à couvrir l’ensemble du territoire. S'agissant des assistants médicaux, François Braun veut plus que doubler leur nombre : il en faudra 10 000 sur le territoire d'ici 2025, a-t-il indiqué. Le ministre mise aussi sur les consultations avancées, les téléconsultations et sur l'aide des collectivités pour la mise à disposition de locaux. Des leviers qui feront sans doute partie des négociations de la prochaine convention médicale.
Quant à l'accès aux soins à toute heure de la journée, les Français doivent trouver une réponse pour des soins non programmés, a de nouveau rappelé le ministre, qui veut généraliser le SAS dès l’année 2023. « Il faut construire ensemble un principe de responsabilité territoriale le jour, la nuit et le week-end, et que nous le fassions vivre partout, sans aucune exception », a-t-il indiqué, ce qui pose en filigrane la question de la permanence des soins ambulatoire pour les médecins libéraux.
Partages de compétences attendus
Également au menu, la question du partage de compétences entre professionnels de santé. Les Ordres sont pour le moment à la manœuvre sur ce dossier, mais ils devront proposer des « bougés » très concrets, a prévenu le ministre. « À défaut, nous prendrons nos responsabilités, car c’est ce que nos concitoyens attendent », a souligné François Braun. Dans un autre registre, il souhaite aussi porter « le chantier du mieux vivre à l’hôpital » pour « réenchanter l’hôpital pour les soignants ».
Enfin, à plus long terme, le ministère souhaite préparer le système de santé à la transition écologique (un des objectifs du quinquennat), travailler sur sa soutenabilité financière et anticiper l’évolution de long terme des métiers de soignants. Trois « défis » sur lesquels des groupes de travail doivent être mis en place.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier