Aller beaucoup plus loin dans l'évaluation du service rendu au patient, optimiser les prises en charge et les coûts, sortir de l'impasse du cloisonnement des acteurs, passer d'une logique de soins à une logique de santé…: tels sont les mantras du cercle de réflexion* sur la Valeur en Santé qui vient de présenter son manifeste à Paris.
Composé d'une trentaine de professionnels, patients, payeurs et économistes – dont le Dr Martine Aoustin, ancienne directrice d'ARS, Yann Bubien, ex-directeur général du CHU d'Angers, Benoît Pericard, associé chez KPMG en charge de la santé, Jérôme Nouzarède, président du groupe de cliniques Elsan, ou encore Gérard Raymond, président de la Fédération française des diabétiques –, le think tank entend contribuer au déploiement en France de l'approche internationale « valued-based Healthcare » (système de santé fondé sur la valeur).
« Nous devons passer d'une logique de soins à une logique de santé », résume le Dr Martine Aoustin, aujourd'hui conseillère auprès du président de la CSMF. Pour y parvenir, elle juge nécessaire d'adapter « le modèle de financement » avec des budgets à l'épisode de soins ou au parcours « sur le court terme ou le long terme, selon les pathologies ». Cette approche plus globale incluant les mécanismes de tarification est dans l'air du temps : le projet de budget de la Sécurité sociale 2018 prévoit ainsi la création d'un nouveau fonds dédié à l'innovation organisationnelle (doté de 30 millions d'euros l'an prochain).
À Strasbourg, diagnostic en un jour
Pour les auteurs du manifeste, deux exemples de « réussite » illustrent cette dynamique.
Le programme « Orthochoice », instauré en Suède dès 2009 pour les patients bénéficiant de la pose d'une prothèse de hanche ou de genou, associe un paiement forfaitaire couvrant l'intégralité du parcours (soins pré-hospitaliers, séjour chirurgical et prothèse, soins postopératoires, rééducation, complications éventuelles dans les deux ans) et paiement à la performance. « Des gains de productivité de 16 % ont été enregistrés dans les établissements, davantage de patients étant opérés sur des séjours réduits, rapporte le Dr Aoustin. Le coût moyen payé pour un patient a diminué de 20 % sur deux ans ».
Dans un registre similaire, le Pr Patrick Pessaux, chirurgien digestif, a présenté l'initiative de l'Institut de chirurgie guidée par l'image (IHU) de Strasbourg, dont il est le directeur médical adjoint. Un diagnostic en un jour y a été développé pour les patients atteints de pathologies digestives. « Nous avons réorganisé le diagnostic, la préparation à la chirurgie, le geste chirurgical, l'hospitalisation et le suivi », souligne le Pr Pessaux. Radiologues, anesthésistes et chirurgiens travaillent en un même lieu afin d'optimiser le parcours de soins et la prise en charge. « S'il y a une indication chirurgicale, 81 % des patients ressortent le soir avec une date d'opération, assure le Pr Pessaux. Nous gagnons du temps par rapport au parcours habituel – deux à quatre semaines – et il y a une baisse de la perte de chance. » Depuis février 2017, 56 patients sont passés par ce programme.
* Cercle de réflexion organisé avec le soutien de Medtronic France.
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