Une enquête réalisée au service d’urgences psychiatriques de l’hôpital Bichat - Claude-Bernard (AP-HP) et dont les résultats ont été publiés dans la revue « Psychiatry research » montre que les facteurs de risque diffèrent pour deux groupes de patients à haut risque : les récidivistes, et ceux qui énoncent leur désir de mourir comme motif à leur passage à l'acte.
Ce sont 168 patients volontaires, dont deux tiers de femmes, de moyenne d'âge de 38,7 ans, qui ont été inclus dans cette étude menée par les équipes du groupement hospitalier de territoire (GHT) Paris psychiatrie et neurosciences, dans les secteurs des 17e et 18e arrondissements, à la suite d'une tentative de suicide (TS).
Les auteurs ont distingué deux groupes de patients à haut risque suicidaire : d’une part les patients récidivistes (par opposition aux patients dont c’était la première tentative, dits primo-suicidants), qui constituaient 51 % des personnes incluses dans l'étude ; d’autre part, les patients qui présentaient comme principal motif à leur passage à l’acte leur volonté de mourir (par opposition à ceux qui invoquaient un appel à l’aide, le besoin de soins, de repos, de mise à distance, la volonté d’adresser un message à l’entourage…). Ces derniers constituaient 36 % des personnes incluses dans l'étude.
Deux groupes distincts
Les auteurs observent d'abord qu’il n’existe pas d’association entre récidive et volonté de mourir : il s’agit de deux groupes aux profils cliniques et aux parcours de prise en charge distincts.
Ainsi, les récidivistes étaient plus nombreux que les « primo-suicidants » à n’avoir aucune activité professionnelle (avec un odds ratio de 3,08), mais aussi à avoir déjà bénéficié d’une prise en charge psychiatrique et/ou psychologique au cours des six derniers mois (qu'il s'agisse d'un suivi ou d'une médicalisation) ou à avoir déjà été hospitalisés en psychiatrie (odds ratio de 15,01). Les auteurs ne notaient pas d'association significative avec des antécédents dépressifs ou avec des troubles psychotiques.
Les patients présentant la volonté de mourir comme principal motif à leur TS n'avaient plus d'antécédents psychiatriques mais rapportaient davantage d’idées suicidaires dans le mois précédant le passage à l’acte (odds ratio de 4,75 ou 4,2 selon que ces idées avaient ou non été verbalisées). Le passage aux urgences psychiatriques pourrait donc constituer chez ces patients un point d’entrée dans le service de soins, et donc un particulièrement bon moment pour prévenir la récidive. Les auteurs notent aussi que ces patients souhaitant explicitement mourir étaient par la suite plus souvent hospitalisés en psychiatrie que suivis en ambulatoire (odds ratio de 4,04).
Ils concluent sur la nécessité de ne pas considérer les patients arrivant aux urgences psychiatriques pour TS comme un groupe homogène. Même si l'étude demande à être élargie, les deux groupes à haut risque considérés ici ne bénéficieraient probablement pas des mêmes stratégies d'intervention. Chaque année, environ 200 000 personnes commettent une tentative de suicide en France. Environ 80 % d’entre elles sont reçues au sein des services d’urgence. Aucune étude n’avait jusqu’à présent été menée au sein d’un service d’urgence parisien.
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