En pleine négociation conventionnelle depuis janvier avec la Cnam, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) est montée au créneau pour détailler ses propositions pour le prochain quiquennat, afin notamment de remédier aux déserts médicaux.
Au travers de 15 propositions, le premier syndicat de la profession « dont l’effectif augmente et dont les compétences progressent » veut relever les défis de la dépendance et de l'accès aux soins. « Face à la hausse du nombre de patients chroniques et une densité médicale en forte baisse, il est nécessaire de travailler avec les médecins pour apporter des réponses pragmatiques », rappelle Sébastien Guérard, son président. Pour accompagner l’allongement de l’espérance de vie des patients en bonne santé, les kinés se disent prêts à être « promoteurs de la prévention, de l’activité physique adaptée, du repérage des risques (sédentarité, comportement à risque, chutes…) ».
Bilans préventifs aux âges clés
Dans ce cadre, ils souhaitent pouvoir réaliser des « bilans préventifs aux âges clés de la vie », pris en charge par l’Assurance-maladie. Ces bilans pourraient être faits à 8 ans et 16 ans (troubles du rachis, scolioses), à 40 ans (troubles musculosquelettiques), entre 65 à 70 ans (repérage des fragilités, prévention des risques de chute…) et après 70 ans.
La fédération revendique la possibilité de prescrire de l'activité physique adaptée, permettant de lutter contre la sédentarité, un des enjeux clés de la prévention. « Or la prescription de l'activité physique adaptée circonscrite aux seuls médecins ne démarre pas. L'urgence est d'inciter les individus à se tourner vers cette activité », explique Sébastien Guérard, également président des Libéraux de santé, une intersyndicale regroupant 11 syndicats représentatifs.
En matière de santé au travail, la compétence spécifique des kinés devra être reconnue, plaide la FFMKR, avec l'inscription dans le Code du travail du « statut de kinésithérapeute en santé au travail ». « Les troubles musculosquelettiques représentent 88 % des maladies professionnelles en 2019, soutient le président. 80 000 salariés sont déclarés inaptes et licenciés chaque année et cela a un coût pour la société. Nous sommes en capacité d'influencer ces chiffres et de les faire régresser ».
Nouvelle fonction de coordonnateur
En outre, pour prévenir la perte d'autonomie des personnes âgées, les kinés souhaitent pouvoir réaliser « un diagnostic de la fragilité en accès direct », pris en charge par l'Assurance-maladie. Une façon de renforcer notamment le repérage des risques de chutes. Dans ce cadre, le plan antichutes lancé lundi par le gouvernement « manque d'ambition », tacle le syndicat. « La campagne d'affichage a été lancée sans réelle concertation avec les professionnels de santé sur un sujet aussi majeur, critique Sébastien Guérard. Pourquoi créer de nouvelles filières, alors que nous réclamons depuis des années de nouveaux actes sur lesquels nous avons toutes les compétences pour assurer cette prévention ».
Tirant les leçons de la crise, la FFMKR propose de créer « une fonction de kinésithérapeute coordonnateur » au sein des établissements et services médico-sociaux (ESMS) et de l’hospitalisation à domicile (HAD) afin d’orienter et d’organiser les prises en charge des patients. Idem dans les Ehpad où cette nouvelle fonction permettrait de coordonner « les prises en soins rééducatives afin de préserver l’autonomie et la mobilité des résidents ».
Droit de prescription
Enfin, pour améliorer l'accès aux soins, la fédération propose « de sortir de la logique du tout médecin traitant », en donnant davantage « d'autonomie » aux autres professionnels de santé dont les kinés. « On propose d'accélérer l'accès direct en lien avec le médecin traitant », revendique son président.
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 autorise en effet cet accès direct aux professionnels dans les structures coordonnées « pour une durée de trois ans et dans six départements ». Or le sujet n'est pas encore précisé dans le cadre des négociations conventionnelles en cours avec l'Assurance-maladie. « La dégradation des conditions d’accès au médecin dans les territoires sous-dotés exige des solutions concrètes et rapides », ajoute-t-il.
Depuis 2006, les kinésithérapeutes disposent d’un droit de prescription limité à certains dispositifs médicaux. Pour libérer du temps médical aux médecins traitants et fluidifier les prises en charge, la FFMKR suggère, d’une part, « d’étendre ce droit de prescrire à certains actes d’imagerie, à l’activité physique adaptée et au dépistage des infections sexuellement transmissibles », et d’autre part, « de permettre aux kinésithérapeutes de prescrire un arrêt de travail initial dont la durée serait limitée à 5 jours ».
Autre proposition forte pour libérer le temps médical : dans le cadre des services d'urgences ou des organisations de soins coordonnées (MSP, CPTS), les kinés voudraient pouvoir « participer à la régulation, au tri et à la réorientation des patients souffrant de pathologies musculosquelettiques ».
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