L'association Soins aux professionnels de santé (SPS) a dévoilé le bilan de son numéro vert (0 805 23 23 36), destiné aux soignants en souffrance. Disponible 24/24 et 7j/7, ce dispositif d'appel et d'écoute psychologique a reçu près de 16 000 appels depuis son ouverture en 2016, dont « près de 12 000 en deux ans », preuve de son efficacité.
Le nombre d'appels a en effet « bondi » depuis mars 2020, le début de la pandémie, indique SPS, avec trois quarts des appels en deux ans. « Cette activité grandissante et continue du dispositif SPS témoigne du réel besoin d’écoute et de soutien des professionnels de santé rendus vulnérables, souligne l'association, qui ouvert il y a quelques mois une maison des soignants à Paris. Ce dispositif possède toutes les qualités qui permettent de briser l’isolement et d’apporter du soutien, mais aussi de répondre rapidement et efficacement à la souffrance de ceux qui sont en grande situation d’urgence. »
Plus de 40 % d'étudiants
En détail, rien que sur l'année 2021, la plateforme a reçu près de 5 700 appels, soit 16 par jour. Les appels ont duré environ 25 minutes en moyenne, mais plus de 4 % se sont prolongés au-delà d’une heure. Plus de 1 200 appels, soit près du quart d'entre eux, ont été passés la nuit, et 600 le dimanche.
Les appelants sont en majorité des femmes (plus des deux-tiers), et leur âge moyen est de 43 ans. 45 % sont salariés, 8 % exercent en libéral. Les professions les plus représentées sont les infirmiers (15 %), les aides-soignants (9 %), les médecins (6 %) et les professionnels du secteur médico-social (6 %). Ces quatre profils de professionnels constituent plus du tiers des appels. Un quart des appels a été passé depuis l'Île-de-France, 12 % depuis la région PACA et 10 % depuis l'Auvergne-Rhône-Alpes.
SPS constate aussi une recrudescence d'étudiants en souffrance, depuis que la plateforme leur a été ouverte en avril 2021. « On estime que près de 43 % des appels proviennent de la population étudiante, dont seul un quart font des études en santé », fait état la structure. Plus du quart des appels (28 %) ont été passés depuis l’Île-de-France, 15 % depuis la région PACA.
Désamorcer la crise suicidaire
Concernant les motifs d'appels, ils sont de nouveau diversifiés, après une année 2020 dominée par le Covid. 37 % sont d’ordre personnel (cause familiale, problèmes de santé), 19 % d’ordre professionnel (épuisement, conflits), et 13 % restent motivés par la pandémie (anxiété liée au confinement, au virus). Les professionnels de la santé ont appelé autant pour des motifs personnels que professionnels (respectivement 33 % et 35 %), tandis que les appels des étudiants étaient motivés d’abord par des situations personnelles (48 %), puis par des problèmes liés à leur parcours étudiant (28 %).
Sur l’ensemble des appels recueillis en 2021, plus de la moitié étaient classés de niveau 1, avec une anxiété couplée ou non à une addiction. Dix appels étaient de niveau 5, soit le plus urgent, avec un risque de passage à l’acte imminent, et 98 de niveau 4, avec des idées suicidaires. Parmi les dix appels de très grande urgence, sept émanaient d’étudiants, et trois de professionnels de la santé. En 2020, 17 appels de niveau 5 avaient été recensés. « Sur les deux dernières années, la plateforme a permis de répondre à une centaine d’appels de personnes à risque suicidaire. Grâce à elle, il a été possible d’adopter des comportements de soutien et de désamorçage de la crise suicidaire », souligne SPS.
Enfin, près de 60 % des appels ont fait l’objet d’une réorientation, et notamment vers un psychologue (19 %), notamment les psychologues du réseau Souffrance et Travail (13 %), vers un médecin traitant (12 %) ou encore d’autres réseaux ou dispositifs comme le réseau Morphée (consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil) ou des associations, services sociaux etc. Les appels à risque élevé sont quant à eux systématiquement réorientés vers un médecin généraliste et un psychiatre.
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