Malgré les critiques d'une partie du corps médical et les craintes de certains enseignants, les écoles maternelles et primaires ont rouvert leurs portes, après trois semaines de fermeture, et seront suivies par les collèges et lycées (en demi-jauge) dès lundi.
Ce retour à la normale se fait selon un protocole sanitaire cadré. Les classes doivent fermer pendant sept jours à partir du premier cas détecté au sein de l'effectif. Les tests salivaires, mis en place depuis la rentrée des vacances de février, ont été renforcés, passant de « 250 000 par semaine fin mars à 400 000 » lors de la reprise des cours, a indiqué le gouvernement. Enfin, des autotests seront également proposés aux personnels de l'Éducation nationale et aux lycéens la semaine prochaine : 64 millions en ont été commandés, les lycéens devant y être soumis de manière hebdomadaire.
« Pas assez de personnels »
Des consignes qui vont dans le bon sens pour les personnels de santé scolaire, en première ligne pour l'application des mesures sanitaires et le suivi des cas contacts, mais dont la mise en place n'est pas toujours aisée. « La grande annonce des tests salivaires nous pose des difficultés, il y a un manque d'anticipation et surtout un problème de moyens : il n'y a pas assez de personnels, dans les écoles ou dans les laboratoires, pour réaliser ces tests », pointe Saphia Guereschi, secrétaire générale du SNICS-FSU (infirmiers scolaires).
Du côté des médecins de l'Éducation nationale, la préoccupation est la même. « Sur mon territoire, on est passé de 6 000 ou 7 000 tests salivaires par semaine à 15 000. Mais il faut que les laboratoires suivent derrière et rendent les résultats rapidement pour que les cellules Covid puissent faire le traçage, et que des mesures collectives soient prises si nécessaire. Or dans certains territoires, ils sont débordés », note le Dr Jocelyne Grousset, secrétaire générale adjointe du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU-UNSA) et exerçant dans le Val-de-Marne.
Quant aux autotests censés arriver dès la semaine prochaine, les médecins et infirmiers scolaires sont dans l'attente de précisions concernant leur déploiement. « Leur utilisation par les personnels devrait toutefois permettre de faire baisser les volumes de tests salivaires et donc la pression les labos », souligne le Dr Grousset.
Détection des conduites à risque
Au-delà de ces difficultés liées aux tests, médecins et infirmiers alertent également sur le retard pris dans le suivi des élèves à cause de la crise sanitaire. « Sur 7 400 infirmiers en ETP, 2 000 sont mobilisés uniquement sur les tests. Mais pendant ce temps, les jeunes vont mal et on prend du retard sur la détection des conduites à risque par exemple. On ne répond plus qu'aux situations d'extrême urgence, le reste est mis de côté », déplore Saphia Guereschi. « Le Covid embolise tout, résume le Dr Jocelyne Grousset. Dans les territoires les plus touchés par l'épidémie, on n'a plus le temps de réaliser les examens à la demande pour des élèves en difficulté, il y a plusieurs mois d'attente. »
Selon la secrétaire générale adjointe du SNMSU-UNSA, de nombreux troubles de l'apprentissage et du comportement ne sont pas détectés, un phénomène amplifié avec l'école en pointillé depuis un an. « C'est une vraie inquiétude. Le volume d'enfants n'ayant pas un diagnostic et une prise en charge précoce augmente, alors que les médecins scolaires diminuent en nombre. Nous sommes désormais moins de 800 », rappelle-t-elle.
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