Avec un tiers de postes vacants et 966 ETP (équivalent temps plein) pour plus de 12 millions d'élèves, les médecins de l'Éducation nationale avaient déjà du mal à assurer toutes leurs missions en temps normal, soulignait en juin la Cour des comptes. En cette rentrée scolaire très marquée par la crise sanitaire, les difficultés s'accumulent.
Les premiers jours ont été très compliqués en raison des sollicitations supplémentaires du protocole sanitaire de rentrée – les médecins des établissements scolaires (avec les infirmiers) devant « apporter leur appui » pour former le personnel de direction, les professeurs et les personnels aux gestes barrières, règles de distanciation physique et au port du masque.
Et lorsque des cas de Covid ont été confirmés chez les élèves ou les agents, le personnel de santé scolaire et la médecine de prévention a été pressé d'élaborer, avec la direction, la liste des personnes susceptibles d’avoir été en contact dans l'établissement – à adresser à l'agence régionale de santé (ARS) qui peut décider ensuite de fermer l'école ou l'établissement.
Mais sur le terrain, la réalité a souvent été chaotique. « C'est épouvantable, surtout dans les départements en déficit de médecins scolaires habituellement, comme le Loiret où je suis, témoigne le Dr Marianne Barré, secrétaire générale du SNMSU-UNSA. Lorsqu'il n'y a pas de médecin à la direction départementale de l’Éducation Nationale, la situation est encore pire car ce sont eux qui sont censés centraliser et remonter au rectorat et à l'agence régionale de santé les cas contacts ou positifs ».
Administratif chronophage
Selon la syndicaliste, des cellules Covid, déjà mises en place lors de la reprise en mai, ont été réactivées. Les médecins de l'Éducation nationale y effectuent des permanences pour répondre aux questions des parents d'élèves et des enseignants.
Problème, ils n'arrivent pas à gérer toutes les requêtes et les formulaires à renvoyer à l'administration sont « chronophages ». « L'autre jour, en une heure, il y a eu 50 appels et une vingtaine de messages ! , souligne le Dr Barré. Les enfants reviennent de deux mois de vacances, il y a forcément des cas suspects ou confirmés, sans compter les nez qui coulent ou maux de gorge qui reviennent au début de l'automne ».
« La situation a été compliquée à gérer. Un enfant avec une petite toux peut être sorti de l'école pendant sept jours, mais cela pose des difficultés aux parents qui travaillent...», reconnaît le Dr Pierrette Clozier-Salvaing, membre du syndicat des médecins de l'Éducation nationale de FO. Le gouvernement a finalement accordé aux parents dans l’impossibilité de télétravailler, et qui doivent garder leurs enfants, la possibilité de bénéficier d’un revenu de remplacement dès le premier jour de leur arrêt de travail.
Anxiogène
La saturation de l'ensemble des acteurs de terrain a ajouté une dose de complexité. « Les médecins traitants sont débordés, les laboratoires d'analyses surchargés », ajoute-t-elle. « Des classes ferment, il y a des cas un peu partout, souffle un autre médecin scolaire, qui préfère rester anonyme. Nous gérons la situation au jour le jour, mais c'était sûr que cela allait se passer comme ça, vu la situation sanitaire. »
Le Dr Barré (SNMSU-UNSA) craint pour le moral des troupes. « Certains médecins se sont mis en arrêt maladie car ils n'en peuvent plus. Si ça continue comme ça, il va y avoir des burn-out ».
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