Marqué par un taux d'abstention de 64,3 %, le second tour des élections régionales a confirmé à leur poste la plupart des présidents sortants – dont deux médecins.
C'est le cas du Dr Jean Rottner (LR), urgentiste de formation, qui conserve les manettes de la région Grand Est, où il est réélu à l'issue d'une quadrangulaire marquée par le plus fort taux national d'abstention (69,76 %). À la tête de la région depuis 2017, il récolte 40,3 % des voix (contre 31,15 % au premier tour). Le RN se hisse en deuxième position avec 26,30 % des suffrages, suivi de l'alliance EELV-PS-PC (21,22 %) et de la ministre déléguée à l'Insertion, Brigitte Klinkert, soutenue par la majorité présidentielle (12,17 %). Le Dr Rottner s'est dit « satisfait du résultat » mais reste modeste au regard de l'abstention. « C'est le signal d'une crise démocratique, il faut retrouver un équilibre entre un État central et les gouvernements locaux que nous sommes. On n'a jamais vu une recentralisation aussi forte depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir », a-t-il déclaré.
Muselier porté par le front républicain
En PACA, c'est aussi le cas du Dr Renaud Muselier (LR), président sortant et médecin du sport à Marseille, qui prive le Rassemblement national (représenté par Thierry Mariani) de la seule région que le parti de Marine Le Pen pouvait emporter. Devancé de 4,5 points au premier tour (36,4 % contre 31,9 %), Renaud Muselier s'est finalement imposé avec 57,3 % des suffrages. « J'ai gagné, nous avons gagné, la logique d'unité a démenti tous les pronostics », s'est réjoui le président de Régions de France, insistant sur la logique de rassemblement engagée avant le premier tour en incluant des Marcheurs sur sa liste. « Dans la vie, il faut avoir une colonne vertébrale et il faut savoir additionner », a-t-il insisté, écartant l'idée que sa liste soit l'indice d'une « recomposition politique » entre LR et LREM.
Première adjointe à Marseille, la médecin de santé publique Michèle Rubirola, a souhaité bonne chance au président réélu dans un tweet.
Le front républicain a fonctionné.Le peuple de gauche et écologiste de Provence Alpes Cote d'Azur a défendu la république. L'obscurantisme a été rejeté.Bonne chance au président. Il ne doit pas oublier que notre région doit être pionnière dans la transition écologique et sociale.
— Michèle Rubirola (@MicheleRubirola) June 27, 2021
Renforcé, Bertrand se projette
Plusieurs présidents sortants avec un fort tropisme « santé » ont également été reconduits. Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ministre de la Santé sous Jacques Chirac puis du Travail et de la Solidarité sous Nicolas Sarkozy, s'est imposé nettement. Il remporte 52,37 % des voix et une confortable majorité régionale de 110 sièges sur 170, distançant le RN (25,65 % des voix) et la coalition EELV/PS/LFI (21,98 %). « Ce résultat me donne la force d'aller à la rencontre de tous les Français », s'est projeté aussitôt Xavier Bertrand, candidat déclaré depuis mars à la présidentielle, sous réserve d'une victoire dans sa région de six millions d'habitants.
Pendant sa campagne locale, l'ex-ministre de la Santé avait affiché ses ambitions pour combattre la désertification médicale dans sa région, grâce au développement des maisons de santé, à l'attribution de bourses aux internes effectuant des stages dans les zones déficitaires ou encore à la faveur d'aides complémentaires à la primo-installation dans ces zones.
Des présidents de région adeptes du salariat médical
La présidente socialiste sortante de la région Occitanie, Carole Delga, a été très largement réélue, avec plus de 57 % des suffrages contre 24 % pour le RN et 18,2 % pour LR. « Courage, proximité et bon sens, guident notre action. Ce résultat m'honore et m'oblige. J'en mesure la portée et la puissance », a déclaré l'ancienne secrétaire d'État, dont le numéro deux est le patron du SAMU de Toulouse, le Pr Vincent Bounes. Adepte du salariat médical à grande échelle, elle ambitionne de recruter 200 médecins (et infirmières en pratique avancée) d'ici à six ans pour améliorer l'offre de soins dans les territoires déficitaires.
Une stratégie du salariat qui devrait aussi se déployer dans le Centre Val de Loire sous la houlette du socialiste François Bonneau, réélu pour la troisième fois à la tête de la région, sa liste totalisant 39,15% des voix. La région Centre-Val-de-Loire ambitionne en effet de salarier 150 médecins d’ici à 2025. En Auvergne Rhône-Alpes, le président sortant Laurent Wauquiez (LR) pourrait également emprunter la voie du salariat de praticiens, après sa réélection avec 55,17 % des voix.
En Île-de-France enfin, Valérie Pécresse, qui conserve les rênes de la région francilienne avec 45,9 % des suffrages, a promis de mettre sur la table un plan d'« un milliard d'euros » pour financer notamment la création d'une MSP « dans chaque ville de plus de 10 000 habitants ».
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