C’est une séquence fâcheuse pour Agnès Buzyn. À l’acmé d’une mobilisation réussie qui a mis plus de 10 000 hospitaliers dans la rue jeudi, le président a dû reprendre la main en direct, annonçant depuis Épernay dans la Marne qu’il avait « entendu la colère » des protestataires. À l’intention des blouses blanches, Macron ne se contente pas d’un « je vous ai compris » et promet de joindre le geste à la parole, chargeant son premier ministre d’annoncer lui-même mercredi un « plan conséquent » et des « décisions fortes ». Dans cette affaire, voilà la ministre de la Santé deux fois court-circuitée sur ses dossiers, ce qui n’est jamais bien agréable pour un membre du gouvernement.
À refaire... Le week-end a dû être studieux pour elle : il lui revient de préparer pour cette semaine la nouvelle potion pour l’hôpital et par voie de conséquence de réécrire une partie du PLFSS en pleine procédure parlementaire… Du jamais vu depuis 23 ans que l’ONDAM existe ! Motivée par une prise de conscience soudaine de la situation et surtout par la crainte d’une contagion des mécontentements, la réponse de l’exécutif se fait sous la pression des événements. Un virage jamais très commode à négocier pour une ministre de la Santé.
D’autant qu’après deux ans et demi aux affaires, Agnès Buzyn commence à ressentir elle aussi les effets de l’usure du pouvoir. Notre sondage le montre cette semaine : même les médecins de ville lui semblent désormais moins favorables, malgré une conjoncture plutôt calme pour eux. Elle se consolera en observant qu’au gouvernement, elle n’est certes pas la seule chahutée actuellement. Mais c’est quand même la première fois qu’elle ne bénéficie plus d’un préjugé d’emblée favorable auprès de ses pairs. C'était sa force. Et ce revers de fortune signifie sans doute que la deuxième partie du quinquennat sera plus agitée que la première.
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