Quatre* représentants santé des candidats à l'élection présidentielle, qui s'exprimaient au nom de leur champion (François Fillon, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan), ont annoncé leur intention de corriger la loi de santé si leur candidat était élu. Ils en ont pris l'engagement samedi 14 avril lors d'un débat organisé à Paris par le syndicat le BLOC, qui représente les spécialistes des plateaux techniques lourds (chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes).
S'ils sont prêts à revoir la loi Touraine, les 4 candidats ne souhaitent en revanche pas tous obligatoirement remettre en cause sur le tiers payant qui doit devenir un droit pour tous les patients à compter du 30 novembre 2017 (sur la part remboursée par l'assurance-maladie). Jean-Luc Mélenchon n'a pas l'intention de revenir sur la dispense d'avance de frais. Chez François Fillon, le tiers payant serait abrogé, et une nouvelle loi serait écrite « en concertation avec les professionnels de santé à la suite d'états généraux, fin 2017 ou début 2018 », précise le Dr Jean-Yves Le Goff.
Emmanuel Macron proposera, lui, un tiers payant « généralisable », après la mise en place « d'expérimentations », explique François Krabansky. Enfin, d'après le Dr Laurent Casbas, la position de Nicolas Dupont-Aignan est claire : une abrogation pure et simple de la loi de santé.
Plus de pouvoirs aux acteurs de terrain
Les candidats se sont également engagés à revoir la gouvernance du système de santé et à renforcer la démocratie sanitaire. Jean-Luc Mélenchon veut la faire partir « du terrain, de l'échelon le plus bas », avec une union départementale de santé remplaçant les agences régionales de santé (ARS). « La politique peut ensuite être territorialisée, c'est ça l'esprit de la réorganisation », déclare Noam Ambrourousi. La recette est la même chez Debout la France. « On ne veut plus de régions, donc plus d'ARS, mais des acteurs de terrain impliqués et organisés, avec des instances de tutelle, détaille le Dr Casbas. L'échelle sera centrée sur les nouveaux départements, avec des commissions paritaires. »
Pour Emmanuel Macron, la méthode est aussi laissée au terrain, avec « plus d'autonomie, de pouvoir aux acteurs » et une tutelle « plus accompagnante que contraignante ». Quant au rôle des professionnels de santé dans ces instances, il faut « d'abord faire une concertation et décider ensuite », estime François Krabansky. François Fillon, modifiera s'il est élu la gouvernance des ARS : « les professionnels de santé y auront un avis décisionnaire » et un certain nombre de directeurs d'ARS « seront changés », a promis le Dr Le Goff à l'Assemblée.
Les dépassements divisent
Les représentants des candidats ont en revanche exprimé leurs divergences sur le secteur II et le mode de rémunération des médecins. Jean-Luc Mélenchon souhaite une sortie du paiement à l'acte et la fin des dépassements d'honoraires « contraires au principe d'égalité », selon Noam Ambrourousi.
Le représentant de Nicolas Dupont-Aignan voit au contraire cette menace comme une « fonctionnarisation, contraire à l'efficience ». Emmanuel Macron envisage pour sa part d'encourager la rémunération sous forme de forfaits, mais elle doit dans tous les cas être « plus attractive, plus évolutive pour les jeunes ». Du côté de François Fillon enfin, on promet que le montant de la consultation sera augmenté, « dès que l'économie repartira ». « La médecine libérale ne doit pas être diminuée », a martelé le Dr Le Goff.
* Dr Laurent Casbas, chirurgien vasculaire pour Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Krabansky, interne de santé publique pour Emmanuel Macron (En Marche !), le Dr Jean-Yves Le Goff, chirurgien viscéral et digestif pour François Fillon (Les Républicains), et Noam Ambrourousi, haut fonctionnaire pour Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise).
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