Appelés aux urnes ce mardi 3 novembre, les électeurs américains vont devoir trancher entre Trump ou Biden, mais aussi faire un choix pour leur système de santé. Le résultat de cette élection pourrait en effet sceller l'avenir de l'Obamacare (ou ACA, Affordable care act), alors que les États-Unis sont fortement touchés par l'épidémie de Covid.
Initié sous l’administration de Barack Obama et voté en 2010, l'ACA a été mis en place en 2013, afin d’étendre la couverture maladie des citoyens américains à travers plusieurs dispositions (obligation d'assurance individuelle, régulation du marché assurantiel, niveau de protection égal même en cas de conditions prééxistantes, etc.). Avec un coût sans précédent (plus de 1 760 milliards de dollars sur dix ans selon le Congrès), cette loi couvre près de 21 millions d'Américains qui ne bénéficiaient auparavant d'aucune assurance santé (voir encadré ci-contre).
Avec un nouveau mandat de Donald Trump, les jours de l'ACA pourraient être comptés. Certes, le milliardaire républicain a promis, à coups de tweets, de préserver la garantie d'assurance pour les personnes ayant des «conditions médicales préexistantes» (c'est à dire toujours en cours, comme l'épilepsie, le cancer, le diabete, le lupus, l'apnée du sommeil, une grossesse, etc.), une protection introduite par l'Obamacare. Mais depuis son élection en novembre 2016, Donald Trump ne cesse de dire tout le mal qu'il pense de cette loi « trop coûteuse et dysfonctionnelle ». En 2017, dès les cent premiers jours de sa présidence, il avait annoncé une procédure d’abrogation devant le Congrès (composé du Sénat et de la Chambre des représentants), finalement rejetée en juillet 2017 par le Sénat après un vote serré.
Attaques devant la Cour suprême
Depuis, Donald Trump a multiplié les recours contre la loi, notamment devant les cours fédérales et la Cour suprême, la plus haute juridiction outre-Atlantique, à majorité conservatrice : six juges sur les neuf au total (dont Amy Coney Barrett, fraîchement nommée) sont désormais susceptibles de voter la fin de mesures de l'Obamacare. La Cour doit d'ailleurs examiner, le 10 novembre, un recours de l’administration Trump et d’un groupe de procureurs contestant la constitutionnalité de l'ACA.
Ces recours devraient se poursuivre d'autant plus si Trump est de nouveau élu, estime Nicole Bacharan, historienne et politologue, mais également en cas de victoire du camp adverse, la Cour étant indépendante du pouvoir politique. « Tôt ou tard, ce sera la fin de l'Obamacare. L'obligation d'avoir une assurance, avec des subventions fédérales, a déjà été en partie sabrée par la Cour. Le principe de protection des patients avec des conditions préexistantes finira par arriver aussi devant les juges. Et avec le Covid, les compagnies d'assurances pourraient refuser d'assurer ceux qui ont des séquelles », énumère la spécialiste des USA.
Nécessaire majorité
Face à ces menaces, les démocrates continuent de défendre l'héritage d'Obama et souhaitent l'améliorer. Joe Biden a assuré qu'il protégerait la loi face « à toutes les attaques ». Il veut également offrir aux Américains de nouvelles possibilités de s'assurer. L'ancien vice-président des États-Unis propose dans son programme une assurance-maladie publique, dans la même veine que le programme Medicare (essentiellement destiné aux personnes de plus de 65 ans), qui permettrait de faire baisser les coûts de santé en négociant des prix plus bas avec les hôpitaux et les différents offreurs de soins. Une option délicate à faire accepter, dans un pays où l'intervention de l'État est rarement la règle.
Quelle que soit l'issue du scrutin, le prochain président ne pourra pas agir de façon structurelle au niveau de la santé sans le soutien du Congrès, rappelle Anne-Laure Beaussier, chercheuse à Sciences Po Paris. « Sans majorité forte, le président aura les mains liées au niveau législatif et ne pourra pas faire grand-chose. Cela vaut pour Biden comme pour Trump, qui a déjà tenté en 2017 de convaincre les deux chambres d'abroger l'Obamacare, sans succès », conclut-elle.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier