LE QUOTIDIEN : Une réorganisation du temps de travail est-elle possible à l’AP-HP ?
Pr LOÏC CAPRON : C’est vital ! Sans réforme du temps de travail, nous sommes condamnés à disparaître. L’hôpital ne peut plus fonctionner en ignorant les contraintes économiques qui sont les siennes.
La modernisation de la médecine nous pousse à nous organiser autrement, sans entacher ni la qualité ni la sécurité des soins. Le temps de travail paramédical est bien l’un des éléments de cette réorganisation.
Lucidement, Martin Hirsch a donc raison. Sur le fond, la CME est tout à fait d’accord avec lui. Sur la forme, c’est autre chose.
La méthode Hirsch semble pêcher. Comment faire passer la réforme ?
Les syndicats ne sont pas tout puissants. L’AP-HP n’est pas la SNCF. La mobilisation s’effrite. Les soignants raisonnables savent que le système actuel ne fonctionne pas et que nous devons et pouvons améliorer notre prestation aux patients. Le nombre de nos journées de RTT est nettement supérieur à celui des autres hôpitaux. Dans un pays exsangue, cette situation ne peut pas perdurer.
Sur la forme de la négociation, chacun son métier. Je ne parlerai pas au nom du directeur général, mais je l’aiderai par tous les moyens.
L’AP-HP s’interroge aussi sur le temps de travail des médecins. Où en sommes-nous ?
Les yeux sont braqués sur les urgences. À ce stade des discussions, il faut 35 postes de PH supplémentaires pour mener à bien la réforme. Puisque personne n’a l’intention d’aller travailler dans ce service, les PH en poste vont devoir faire des heures supplémentaires… et rendre caduque leur propre accord.
L’effet de contagion est imminent. Les anesthésistes sont aux premiers rangs, suivis des chirurgiens et des réanimateurs. La décision de la ministre de la Santé d’accéder aux désirs des urgentistes est donc irresponsable. Il aurait mieux valu demander à tous les médecins de se réorganiser afin d’avoir un hôpital qui fonctionne mieux à moindre frais.
Concrètement, que changerait une telle réforme pour un praticien de l’AP-HP ?
Le délai d’attente de ses patients. Les médecins vivent encore sous les oripeaux ridicules et pathétiques de l’ancien mandarinat : on y faisait ce qu’on voulait et l’intendance suivait. Ce temps doit être révolu. Le directeur général a diligenté une enquête sur le temps de travail au bloc opératoire en début de journée. Résultat : 1 h 10 en moyenne de retard le matin constaté. C’est catastrophique.
Voici un autre exemple : le rituel indispensable de la visite en salle. Tout retard désorganise tout le service toute la journée. Nous devons nous mettre dans la mentalité de l’employé au service du patient. Aucun soignant, aucun médecin ne peut s’opposer à un tel argument.
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