Roselyne Bachelot-Narquin s'est dite jeudi 28 mai « pas très optimiste » sur la façon dont le système de santé va se relever de la crise sanitaire et se réformer, au regard des clivages historiques et de certains réflexes corporatistes des professionnels de santé. Dédouanant le gouvernement et l'administration, « habituels boucs émissaires cloués en place publique », l'ancienne ministre de la Santé a suggéré aux médecins hospitaliers et libéraux de balayer également devant leur porte.
« Je ne suis pas très optimiste sur la suite, a-t-elle confié à l'occasion d'un webinaire organisé par le think tank #Leplusimportant, spécialisé dans la tech en santé. Avant la crise, j'ai été frappée par les mouvements sociaux extrêmement puissants à l'hôpital, qui portaient des revendications parfaitement recevables. Mais dans ces manifestations, peu de gens se sont posés la question du phénomène de hiérarchie à l'œuvre à l'hôpital. Quand on dit qu'il faut remplacer le pouvoir administratif par le pouvoir médical, c'est absurde. Le pouvoir médical est entre les mains de quelques médecins. Et connaissant l'hôpital par cœur, je peux vous dire que ceux qui détiennent le pouvoir n'y renonceront pas. Je n'en vois en tout cas aucun signe. »
Roselyne Bachelot-Narquin a également évoqué l'existence du « grand patron chef de service qui déjeune au Rotary et joue au golf avec le maire et le président du conseil de surveillance ». « Ce monde-là existe encore, a-t-elle glissé, même si je le trace à gros traits. » « Dans les tranchées en 14, aristocrates et ouvriers se battaient ensemble baïonnettes au poing, mais une fois la guerre finie, chacun est rentré dans sa case », a-t-elle illustré, pas certaine que la solidarité en temps de Covid s'inscrire dans la durée.
Trois mondes
Interrogée sur le Ségur de la santé, Roselyne Bachelot n'a pas caché son scepticisme sur la capacité de réformer aussi vite le système de santé dans sa globalité. L'ex-pharmacienne a mis en miroir trois mondes : « le monde du paramédical, peu écouté et peu représenté », « le monde de la médecine de premier recours, percluse de débats et de luttes d'influence entre syndicats médicaux » — « je les ai testés eux aussi », a-t-elle ironisé – et « le monde hospitalier tout-puissant ».
Dans un tel contexte, Roselyne Bachelot-Narquin s'est dite « un peu inquiète de la tournure que prend la discussion, même si on n'en est qu'au début ».
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