Il y a comme un coup de froid entre l'exécutif et la médecine de ville. Deux jours après la présentation du budget de la Sécurité sociale pour 2023 (PLFSS) en conseil des ministres, la CSMF n'a pas caché son inquiétude lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi. Pour son président, le Dr Franck Devulder, plusieurs signaux envoyés par le gouvernement ne permettraient pas à la médecine de ville de relever le défi d'accès aux soins, tant attendu par les Français.
La première inquiétude concerne le niveau de l'Ondam (objectif national des dépenses d'assurance-maladie) attribué aux soins de ville, qui progresse de 2,9 %, soit 2,9 milliards d'euros supplémentaires. « On nous vend un Ondam exceptionnel. D'abord, il est déséquilibré par rapport à l'hôpital et surtout pour la première fois il est inférieur à l'inflation. Le gouvernement se donne-t-il les moyens pour réformer le système de santé ? » lance le gastroentérologue de Reims. Pis, « les effets tarifaires de la future convention médicale ne s'appliqueront qu’en novembre voire décembre 2023, prévient le patron de la centrale polycatégorielle. Or en 2024, on nous annonce déjà un Ondam à la baisse de l'ordre de 2,6 % alors que l'inflation risque de se poursuivre. Cela va coincer ».
Amendement de suppression
L'autre sujet qui fâche concerne la liberté d'installation. Le syndicat a découvert dans le PLFSS 2023 l'article 22 qui permet de définir, dans le cadre des prochaines discussions conventionnelles qui vont s'ouvrir en novembre, « les conditions à remplir par les professionnels de santé pour être conventionnés, relatives à leur formation et expérience ainsi qu’aux zones d'exercice définies par l'ARS ». Selon le Dr Devulder, cette disposition est une forme de parade ministérielle face aux dix propositions de loi parlementaires en préparation pour limiter la liberté d'installation ainsi que les mesures qui vont émaner du groupe de travail parlementaire transpartisan présidé par le député socialiste de la Mayenne, Guillaume Garot. « Le gouvernement laisse aux partenaires conventionnels le choix de prendre des mesures incitatives comme coercitives, estime-t-il. Ce que nous refusons. C'est pourquoi nous avons réclamé un amendement de suppression de cet article ».
Soutien aux jeunes contre la 4e année d'internat
Pour la CSMF, face aux problèmes d'accès aux soins, des solutions existent parmi lesquels la valorisation de l'expertise médicale pour permettre aux médecins d'augmenter leur file active, le développement de l'exercice coordonné ou encore l'attractivité des métiers par la formation. Sur ce dernier point, la CSMF soutient totalement les représentants des jeunes médecins qui se sont opposés à l'ajout d'une 4e année d'internat en médecine générale. « Cette quatrième année doit être professionnalisante en lien avec le projet professionnel et les jeunes ne doivent pas être la variable d'ajustement dans les déserts médicaux » soutient le Dr Devulder.
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