C'est une mesure controversée de la Cour des Comptes qu'Agnès Buzyn a repris à son compte, au risque de se mettre la communauté médicale libérale à dos. Auditionnée ce mercredi par la commission des affaires sociales du Sénat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019, la ministre de la Santé a répondu par l'affirmative à une question de la sénatrice LR du Maine-et-Loire, Catherine Deroche, sur l'application en ville d'une réserve prudentielle inspirée du modèle de coefficient prudentiel hospitalier.
Ce mécanisme permet de geler une partie des crédits dédiés aux hôpitaux tous les ans. Il s'agirait de conditionner le versement de certaines revalorisations (tarifs, forfaits, ROSP) au respect de l'objectif national des dépenses assurance-maladie (ONDAM) de ville.
Sans vaciller, la ministre de la santé a indiqué que « la construction de l'ONDAM 2019 incluait déjà une réserve prudentielle, une provision de 120 millions d’euros sur les soins de ville ». « Cela va dans le sens des préconisations de la Cour des comptes », a-t-elle confirmé, sans plus de précisions sur les dessous de cette nouvelle forme de régulation des dépenses.
La ville déjà largement mise à contribution
Cette déclaration a fait bondir la CSMF. Le premier syndicat des médecins libéraux estime que la ville est déjà largement mise à contribution dans le cadre des économies prévues dans le PLFSS 2019. « Près de 900 millions d’euros d’économies sur le chapitre qualité des actes et pertinence dont près de 400 millions d’euros uniquement sur "les adaptations tarifaires" des actes médicaux, en particulier la biologie et la radiologie », avance le syndicat.
« Faut-il rappeler que les soins de ville doivent économiser 500 millions supplémentaires grâce à la maîtrise médicalisée et à l’utilisation des génériques ? De même, les prix nets des médicaments et des dispositifs médicaux en ville font l’objet d’une économie budgétaire de plus de 900 millions d’euros ! », ajoute l'organisation présidée par le Dr Jean-Paul Ortiz.
Alors que le plan « Ma santé 2022 » du gouvernement vient d'être lancé, le syndicat se dit « vigilant » pour que les soins de ville puissent bénéficier des marges de manœuvre suffisantes pour répondre aux besoins de la population.
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