Le bras de fer opposait depuis des mois les professionnels de santé parisiens à la municipalité. La mairie de Paris a lâché du lest au sujet du stationnement lors des visites au domicile du patient. Mardi 4 juillet, la ville a adopté un dispositif de stationnement qu'elle qualifie de « plus avantageux de France pour les professionnels libéraux ». Au menu : gratuité totale pour les praticiens pouvant justifier d'au moins 100 visites à domicile par an, et tarifs très préférentiels pour les autres. Le dispositif entrera en vigueur au 1er janvier 2018.
Jusqu’à il y a peu, en vertu d'une circulaire ministérielle de 1995, les praticiens bénéficiaient d'une relative mansuétude des agents verbalisateurs. Les véhicules avec caducée pouvaient « bénéficier de mesures de tolérance en matière de stationnement irrégulier, dès lors que leurs propriétaires étaient appelés à exercer leurs activités au domicile de leurs patients ».
Mais une décision du Conseil de Paris du 19 mars 2015 a modifié les règles du jeu. Les professionnels de santé, tout comme les plombiers ou les coiffeurs à domicile, doivent depuis lors acheter une carte annuelle de « professionnel mobile », d'une valeur de 240 euros. Cette dernière ouvre droit à 7 heures de stationnement par jour à Paris au prix de 0,50 euro de l'heure.
Un sujet de crispation
Cette nouvelle disposition n'était pas passée, d'autant qu'elle s'inscrivait dans une tendance plus large des grandes villes à vouloir imposer le paiement du stationnement aux professionnels de santé en visite. Du coup, les syndicats de médecins libéraux y étaient allés de leurs commentaires assassins contre la municipalité. Le SML demandait à Anne Hidalgo de « mettre fin à une taxation imbécile », tandis que la CSMF appelait la mairie à « laisser les médecins travailler ». L'Ordre parisien n'était pas en reste. Son président, le Dr Jean-Jacques Avrane, dénonçait haut et fort le projet municipal, et tentait, d'abord sans succès, de rencontrer Anne Hidalgo pour lui présenter le point de vue des médecins libéraux.
La mairie a fini par recevoir le message. Le 9 juin dernier, Jean-Jacques Avrane était enfin reçu par la maire de Paris. Cette dernière lui présentait son arbitrage : à compter de 2018, les professionnels de santé parisiens effectuant au moins 100 visites par an bénéficieront d'une nouvelle carte de stationnement « Pro Santé », ouvrant droit à la gratuité totale du stationnement parisien. Compte tenu de la raréfaction des places régulières disponibles, l'Ordre militait également pour que les professionnels puissent aussi se garer sur les places de livraison. Mais il n'a pas été suivi sur ce point.
Il a en revanche obtenu que la liste des médecins libéraux effectuant ce minimum de 100 visites par an (environ 900 praticiens) soit établie par ses soins, et non par l'Assurance-maladie comme l'envisageait le projet initial. Infirmiers, sages-femmes kinés et orthophonistes effectuant aussi des visites à domicile pourront bénéficier de la même mesure. En tout, près de 4 200 professionnels de santé vont profiter du dispositif : outre les 900 médecins, 1 400 infirmiers, 1 500 kinés, 100 sages-femmes et 300 orthophonistes effectuent des visites à Paris.
Un compromis satisfaisant
Reste la question des professionnels de santé effectuant peu de visites à domicile. Il leur est proposé un tarif bien plus avantageux que dans le projet initial, avec le bénéfice de la carte de stationnement « Pro sédentaire à Paris ». D'un coût annuel de 45 euros, elle ouvre droit au tarif de stationnement résidentiel autour de leur cabinet au tarif journalier de 1,50 euro.
Même s'il n'a pas obtenu satisfaction sur toute la ligne, l'Ordre de Paris se félicite du chemin parcouru. « Nous avons beaucoup progressé par rapport aux propositions initiales, indique au "Quotidien" son président, et l'implication de Mme Hidalgo, qui nous a reçus le 9 juin a permis une meilleure approche de cette problématique. » Mais le Dr Avrane ne lâche pas l'affaire. Il précise que « la discussion reste ouverte, en particulier pour permettre aux médecins l'utilisation des emplacements de livraison et garantir ainsi aux parisiens les soins qu'ils sont en droit d'attendre ».
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