« Nous sommes écœurés, les radiologues ont été ponctionnés d'un milliard d'euros en dix ans ! », le coup de gueule de la FNMR

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Publié le 08/03/2018
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Crédit photo : S. Toubon

La coupe est pleine. Selon le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), de nouvelles baisses massives de tarifs risquent d'être imposées à cette spécialité dès l'été 2018, à hauteur de 35 millions d'euros. Il continue toutefois à négocier avec l'assurance-maladie pour trouver un accord pour la radiologie libérale.

LE QUOTIDIEN : Selon nos informations, de nouvelles décotes tarifaires sur les équipements de radiologie sont dans les tuyaux de l'assurance-maladie… Qu'en est-il exactement ?

DR JEAN-PHILIPPE MASSON : C'est exact. La commission « des équipements matériels lourds d'imagerie médicale », prévue par l'article 99 de la loi de financement de la Sécu 2017 et composée de 16 membres – huit issus de l'assurance maladie, dont le directeur général qui préside, et huit qui représentent la communauté médicale radiologique – vient en effet de proposer une baisse de 10 % de la valeur des forfaits techniques de scanners et d'IRM ! Cela représenterait 35 millions d'euros par an, qui viendraient s'ajouter aux baisses déjà votées l'année dernière (près de 60 millions de décotes tarifaires ont été votées en février 2017, NDLR). En dix ans, nous avons été ponctionnés de près d'un milliard d'euros !

Quelles seraient les conséquences de ces potentielles baisses de tarifs ?

Une dégradation de la situation pour les radiologues en général, et surtout pour les libéraux ! Concrètement, cela veut dire que lorsqu'on devra investir dans du matériel lourd, on se tournera vers des équipements moins chers, donc bas de gamme. Une autre conséquence pourra être la réduction de la masse salariale. Or avec moins de salariés par cabinet, les horaires d'ouverture seront forcément réduits et les délais d'attente augmenteront.

Derrière ces baisses de tarifs répétées, c'est le patient qui est pénalisé… Mais l'assurance-maladie ne regarde pas la qualité des soins proposés, elle se base sur le rapport de la Cour des comptes sur l'imagerie médicale de 2016, selon lequel il faut 1,5 équivalent temps plein de secrétariat par cabinet, et 2,2 équivalents temps plein pour les manipulateurs radio. Je ne vois pas comment on peut faire fonctionner une structure 12 heures par jour avec de tels effectifs ! Nous ne sommes même plus en colère, nous sommes plutôt découragés et écœurés.

Malgré cette menace, allez-vous continuer à dialoguer avec l'assurance-maladie ?

Oui. Je veux que cette négociation aboutisse, donc nous poursuivons les discussions avec l'assurance-maladie, même si cela devient de plus en plus tendu. Nous avons adressé nos propositions, axées sur la pertinence des actes de radiologie, et nous attendons celles de la CNAM en retour. Elles seront discutées lors du conseil d'administration de la FNMR, le 17 mars, qui les validera ou les refusera.

Mais il est certain que si nous n'avons pas un plan intelligent pour la radiologie, nous ne signerons pas ! Nous souhaitons améliorer la qualité de la radiologie, pas que l'on brise nos capacités d'investissement.


Source : lequotidiendumedecin.fr