Les négociations conventionnelles et tarifaires n'ont pas commencé mais les syndicats médicaux sont déjà en alerte. Une semaine après avoir pris connaissance de la lettre de cadrage adressée par le ministre de la Santé au nouveau directeur général de l'assurance-maladie, Thomas Fatome – courrier qui porte sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), l'accès aux soins non programmés, le déploiement de la télésanté, la prise en charge des patients en perte d'autonomie et les soins spécialisés – le Syndicat des médecins libéraux (SML) affiche de gros doutes.
Le syndicat se déclare « déçu » des orientations, qui ne répondent pas selon lui aux attentes des médecins libéraux et « s’avèrent même dangereuses » pour la profession. « La lettre de cadrage vise à lancer un train de négociations conventionnelles dont l’objectif se borne à accélérer la déclinaison de la stratégie Ma Santé 2022 », tacle le syndicat du Dr Philippe Vermesch. Il regrette des orientations « dogmatiques et antilibérales » synonymes d'une « nouvelle étape dans l’étatisation de la médecine libérale par les territoires ».
La ROSP, « piètre consolation »
Aux yeux du SML, la négociation sur les CPTS et l’exercice coordonné risque de réduire les possibilités de coordination « aux seules formes imaginées par la technostructure » (quand bien même la lettre évoque l'appui aux équipes de soins primaires et spécialisés). Le SML met en avant les organisations plus « agiles » autour du patient, comme des équipes libérales ouvertes et construites autour du patient ayant pour socle le médecin traitant, l’infirmier libéral et le pharmacien.
Autre incertitude, l'extension à de nouvelles spécialités de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) ou de paiements à la qualité. Un « piètre lot de consolation » pour le SML. « Au rythme de mise en œuvre des ROSP, il faudrait au moins trois décennies pour couvrir les 47 spécialités médicales », ironise le syndicat, qui défend une nouvelle ambition tarifaire pour toutes les spécialités.
La volonté affichée du ministère d’« éviter une rémunération à l'acte directe » pour valoriser la prise en charge des soins non programmés ne satisfait pas davantage le SML qui y voit une étape vers « un système étatique et de capitation ». Or, les forfaits ne doivent pas représenter plus de 20 % de la rémunération totale pour le syndicat, qui plaide pour une majoration « incontournable » de 15 euros sur les actes de soins non programmés.
Non à la « médecine pizza »
À propos de la télémédecine enfin, que le gouvernement envisage d'assouplir, le SML redoute une « ubérisation » de la profession avec remise en cause du médecin traitant. Il s’opposera à la suppression de l’ancrage territorial pour les consultations à distance, qui risque d'ouvrir la voie aux plateformes et à une « médecine pizza ». « Il est tout à fait possible de développer les téléconsultations et télé-expertises sans basculer dans un modèle ubérisé », recadre le SML, qui souhaite au passage maintenir les consultations par téléphone expérimentées pendant la crise sanitaire.
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