Depuis janvier 2015, 1,2 million de personnes ont entrepris une traversée de la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. Parmi eux, de plus en plus d'enfants (en juin 2015, 1 réfugié ou migrant sur 10 était un enfant ; ils sont un tiers en décembre 2015) « bloqués aux frontières, forcés à dormir dehors, exposés aux intempéries, privés d'accès aux soins de base ». Et des mineurs non accompagnés (MNA) « d'autant plus à risque », dénonce l'UNICEF France en introduction de « Ni sains, ni saufs », une enquête sur les enfants non accompagnés sur le littoral du Nord et de la Manche.
Les sociologues de l’association Trajectoires ont réalisé 61 entretiens entre janvier et avril 2016, avec des enfants et des adolescents non accompagnés âgés de 11 à 17 ans, originaires d’Afghanistan, de Syrie, d’Égypte et d’une dizaine d’autres pays.
Malgré l'imprécision des chiffres, UNICEF estime que 2 000 mineurs non accompagnés (MNA) seraient passés depuis juin 2015 dans sept bidonvilles étudiés, répartis sur trois départements du littoral de la Manche (Calais, Grande-Synthe, Angres, Norrent Fontes, Steenvoorde, Tatinghem, Cherbourg).
Violences et peur
Ces mineurs, qui eu parfois donné entre 2 700 et 10 000 euros à des passeurs, ont subi un voyage dangereux et traumatisant (pertes proches, sentiment de mort imminente, abus sexuels). Leur présence sur le littoral s'étire, avec une durée moyenne de 5 mois, pendant lesquels ils sont exposés à des risques accrus, surtout lorsqu'ils résident dans les « petits camps ». Leur santé physique et psychologique est affectée, alerte l'UNICEF.
Les premières craintes exprimées dans les entretiens sont les violences exercées par les forces de police, les milices de civils et les passeurs ainsi que les agressions sexuelles pour les deux sexes. Plusieurs éléments recueillis au cours de l’enquête mettent en évidence des situations qui relèvent de la traite des êtres humains, accuse le rapport.
Création de lieux de protection ad hoc
L'ONG dénonce des violations de la Convention relative aux droits de l'enfant et appelle à adapter la protection de la France.
Pour Sébastien Lyon, directeur général de l’UNICEF France : « La création de lieux de protection sans condition, spécifiques, permettant de donner une information dans leur langue et adaptée à leur âge est primordiale pour tous les enfants isolés. »
L'UNICEF demande en outre aux pouvoirs publics français de renforcer et coordonner les maraudes sur les sites de la région avec l’objectif d’unifier les pratiques et d’avoir accès à tous les enfants, y compris au sein des « petits camps » ; d'instaurer des formations régulières pour tous les acteurs sur la protection de l’enfance, l’identification de situations de violence et de traite (TEH) et de rappeler le cadre légal de la protection de l’enfance (signalements aux parquets, informations préoccupantes) ; et de reporter toute évacuation sans dispositif d'accueil et d'accompagnement des MNA. Enfin, l'Unicef demande l'application du droit à la réunification familiale.
MSF choisit la web-série satirique
À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés de ce lundi 20 juin, Médecins sans Frontières a choisi de mobiliser l’opinion publique en lançant une web-série satirique : « Johnny, chasseur de migrants » qui prend le contre-pied de l’image négative faite aujourd’hui aux réfugiés en Europe. Six épisodes de quelques minutes chacun seront diffusés du 20 juin au 7 juillet. L'association, prix Nobel de la paix en 1999, a aussi décidé de renoncer à tout financement de l'UE et de ses États membres pour dénoncer une politique migratoire « honteuse ». Les fonds européens représentent 8 % du budget de l'ONG (le reste provenant de fonds privés), soit 56 millions d'euros en 2015 (19 millions des institutions de l'UE et 37 millions des Etats membres). Amnesty International a apporté son soutien à MSF, saluant une attitude « courageuse et fondée sur des principes ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes