« Si cela continue comme cela, il va y avoir un drame ». Le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-Syndicat, ne cache plus sa colère. « Des menaces directes sous la forme de messages sur les réseaux sociaux, de lettres anonymes ou de courriers d'avertissement émanant de structures anti-vaccins, sur internet » connaissent une accélération et se font plus précises depuis le lancement de la campagne de vaccination, alerte le généraliste de Fronton. « Pas un jour, pas une heure sans que des médecins soient victimes de violences verbales souvent organisées », déclare-t-il.
Lui-même a reçu des photos avec des cordes de pendu dessinées sur son lieu d'exercice. Selon le médecin, un cran supplémentaire a été franchi. « Des références aux décapitations sous la Révolution française, des promesses de balles dans la tête, de vengeance populaire » sont adressées à des confrères ou diffusées sur les réseaux sociaux. Toujours selon le syndicat, des « structures politiques classées à l'extrême droite » mais aussi des « publications présentées comme organes de presse », ciblent régulièrement des médecins, ainsi livrés « à la vindicte et au risque ».
Sanctionner les manipulateurs
Face à ces menaces gravissimes, l’UFML-S appelle de nouveau les médecins victimes à déposer systématiquement plainte auprès de la police ou de la gendarmerie, à faire une déclaration à l’Ordre, à effectuer un signalement sur la plateforme Pharos (qui permet de signaler des contenus et comportements illicites repérés en ligne) ou encore à se rapprocher d'un syndicat médical.
« Je porte plainte à chaque fois, insiste le Dr Marty. Il y a des enquêtes en cours. La personne qui m'avait envoyé un mot en disant qu'elle voulait me mettre une balle dans la tête a été identifiée et arrêtée. À chaque fois, on s'aperçoit que ce sont des personnes fragiles qui tombent dans les manipulations. Il faut sévir face à ces manipulateurs », déclare-t-il au « Quotidien » ce lundi.
Des réactions officielles ?
Ce n'est pas la première fois que ce syndicat sonne l'alarme sur les attaques dont certains praticiens sont la cible. De fait, ces menaces de violence ou de mort ont pris de l'ampleur après la diffusion du documentaire complotiste « Hold-Up, retour sur un chaos » il y a quelques semaines, dans lequel la profession était accusée à plusieurs reprises (« euthanasie active », « délation rémunérée » pour signaler les cas contacts, etc.).
Dans ce contexte, le syndicat appelle les ministères de tutelle concernés (Santé, Intérieur, Justice) ainsi que l'Ordre national des médecins à avoir une réaction officielle claire et nette par la condamnation publique de ces agissements. « Ils doivent annoncer que des enquêtes sont en cours et que ceux qui se rendent coupables de tels faits seront durement sanctionnés », explique le généraliste. Or, « les responsables politiques et ordinaux laissent passer. Ce silence engage leur responsabilité. ».
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