Au fur et à mesure qu’elle précisera son plan d’économies sur l’assurance-maladie (10 milliards d’euros sur trois ans), Marisol Touraine risque de se heurter à de nouvelles résistances. Le feuilleton a commencé la semaine dernière.
Dans « les Échos », Marisol Touraine, tout en se défendant de vouloir instaurer un système de santé "low cost", n’a pas nié l’effort « sans précédent » qui se profile : l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie sera fixé à 2,1 % l’an prochain, puis 2 % en 2016 et 1,9 % en 2017.
La répartition des efforts montre que le médicament sera à nouveau le principal contributeur (3,5 milliards d’euros supplémentaires exigés au titre de nouvelles baisses de prix – princeps et copies – et grâce aux génériques). Aussitôt, le syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique (LEEM) a dénoncé un « plan de facilité » et prévenu que Marisol Touraine « hypothèque la relance économique par les industries de santé ».
La réduction des prescriptions et des actes inutiles ou redondants est censée procurer 2,5 milliards d’euros. Marisol Touraine a cité les doublons en matière d’examens radiologiques ou d’analyses médicales. La CSMF, premier syndicat médical, a épinglé un plan « comptable, inique et inacceptable », imposant une « médecine normative » en ville.Dans son entretien aux « Échos », la ministre de la Santé envisage « des listes de médicaments recommandés établies par les médecins, pour chaque spécialité, afin de faciliter la qualité de la prescription ».
Chirurgie ambulatoire : objectifs par pathologie
Les représentants des hôpitaux publics, à ce stade, se sont montrés discrets. Il faut dire que l’hôpital est sollicité à hauteur de deux milliards d’euros avec des mesures pour l’instant sans surprise (rationalisation de la gestion, mutualisation des achats et de services comme l’informatique ou la blanchisserie...). L’impact de la stratégie nationale de santé, qui vise au recentrage de l’hôpital, n’est pas précisé.
L’essor de la chirurgie ambulatoire devra procurer un milliard d’euros avec la fixation d’objectifs par région et par pathologie. La ministre promet de résorber le recours excessif aux médecins intérimaires, trop coûteux.
« Vigilants », les représentants des usagers de santé, n’ont, eux, pas boudé leur plaisir. Le CISS salue des choix qui « ne font pas du patient une variable d’ajustement à la différence du passé avec les franchises, les forfaits et les nombreux déremboursements ».
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