Elles sont sur toutes les lèvres des candidats, attirent le regard des élus locaux et seront au cœur des sixièmes journées de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS), les 17 et 18 mars à Lyon.
À en croire nombre de politiques, les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) sont appelées à devenir l'alpha et l'oméga de l'organisation des soins de premier recours, d'autant qu'elles rassurent les jeunes générations de professionnels de santé. Le premier millier de structures sera bientôt atteint.
Et pourtant… Complexité administrative du montage des projets, contraintes liées à l'octroi des aides à la construction et au fonctionnement, coordination parfois lacunaire entre des professionnels habitués à travailler seuls, systèmes d'information partagés non aboutis, craintes pour l'autonomie : tout n'est pas rose au pays des maisons de santé qui n'hébergent aujourd'hui que 10 % environ des praticiens libéraux, faut-il le rappeler. Au point que, au sein même de la profession, de nombreuses voix rappellent que ce modèle en vogue ne saurait constituer le modèle unique (lire ci-dessous).
Macron enthousiaste
Tout ceci n'empêche pas les candidats de multiplier les MSP comme des petits pains. Le plus volontariste est sans conteste Emmanuel Macron dont le programme officiel promet de doubler le nombre de ces structures en cinq ans pour lutter contre les déserts médicaux. « Notre objectif est même de tripler d'ici à 2022 », s'enthousiasme le Dr Olivier Véran, conseiller santé du candidat d'En Marche. L'idée serait de partir des besoins du terrain « et d'aider au financement » de manière systématique, alors que le prix moyen dépasse le million d'euros… « C'est une somme, mais il faut savoir ce qu'on veut, balaie le Dr Véran. Il y a des financements croisés – collectivités territoriales, région, État, et même Europe ».
De fait, si les candidats affichent volontiers leur ambition d'augmenter les MSP, la question centrale de la rémunération des équipes et de l'équilibre pérenne de ces structures est éludée. « Monsieur santé » de Benoît Hamon, le Pr Alfred Spira souligne que, lors d'une élection présidentielle, « on détermine de grandes orientations » sans entrer dans les détails des modalités budgétaires. Son champion souhaite la création d'une mission nationale d'accès aux soins, notamment chargée d'accompagner financièrement et juridiquement les professionnels dans la mise en œuvre de ces structures. Le Pr Spira se montre prudent sur les chiffres. « Il y en a 1 000 aujourd'hui, nous proposons d'en créer 500 de plus… », calcule-t-il.
Fillon mise sur la liberté d'organisation
En charge des questions de santé au FN, le Dr Joëlle Mélin se contente d'assurer que « l'État devra mettre la main à la poche pour aider à la création des MSP ». Elle craint que ces structures libérales, à défaut de financement durable, suivent l'exemple des maisons de retraite, cliniques et autres laboratoires d'analyse « tous rachetés par des grands groupes financiers ».
Chez François Fillon, on souhaite surtout « laisser une grande liberté d’organisation aux professionnels de santé pour créer les structures les plus adaptées » – MSP, maisons médicales, structures d'urgences…Combien cela coûtera ? Le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, spécialiste santé dans l'équipe du candidat LR, botte en touche, évoquant de nouvelles incitations fiscales en zones sous-dotées. On promet surtout de « débureaucratiser » la santé, et de faciliter toutes les initiatives libérales.
Davantage que sur des MSP, Jean-Luc Mélenchon mise sur 10 000 nouveaux médecins généralistes fonctionnaires dans 4 000 centres de santé. Une façon de se démarquer en faisant le choix clair et net du salariat.
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