Les ministres de la Santé des 35 pays membres de l’OCDE réunis à Paris en ce début de semaine (pour un forum sur la prochaine génération des réformes) ne devraient pas être déçus du voyage.
Le rapport sur la lutte contre le gaspillage dans les systèmes de santé vaut le détour, au moment où les budgets publics sont partout sous pression et les hôpitaux sous tension. « Le gaspillage est omniprésent dans les systèmes de santé où l’on dépense beaucoup et pas forcément utilement », se désole Francesca Colombo, chef de la division santé à l’OCDE. Selon cette organisation, un cinquième des dépenses totales de santé, qui pèsent 9 % du PIB des pays de l'OCDE, n’apportent strictement aucune contribution à l’amélioration de l’état de santé de la population, un constat jugé inquiétant. « Les patients, prestataires, gestionnaires et autorités de contrôle ont tous leur part de responsabilité dans ce gaspillage », énumère Francesca Colombo.
Trop d'antibiotiques
Les marges de progrès sont diverses et l'OCDE salue les pratiques qui ont fait leurs preuves dans certains pays. Israël fait figure d’exemple dans la gestion des événements indésirables évitables en identifiant ce qui ne devrait jamais arriver et que les hôpitaux ne peuvent en aucun cas facturer à la Sécurité sociale. Pour limiter les soins non pertinents, des programmes américains systématisent le paiement à la qualité et au bénéfice réel apporté par les soins aux patients.
Côté médicament, la surprescription d’antibiotiques, pourchassée notamment en Belgique ou en France, a permis des recours plus raisonnables. Pourtant, jusqu'à 50 % des antibiotiques prescrits dans l’ensemble des pays de l’OCDE ne serait pas nécessaire. Les copies de médicaments restent sous-utilisées. La part des génériques (taux de pénétration) varie de « 10 à 80 % » selon les pays. Plus largement, le rapport déplore la masse de produits pharmaceutiques jetés, la gestion des stocks parfois déficiente dans les établissements ou encore le manque d'observance des traitements.
Les pratiques médicales se révèlent hétérogènes avec « des variations énormes dans les services qui proposent des interventions cardiaques ou des arthroplasties du genou trop souvent non justifiées », dénonce ce rapport. L’OCDE s’interroge aussi sur la part d’IRM prescrites pour des lombalgies ou encore sur les taux excessifs de césariennes.
Miser sur les soins primaires
Des opportunités existent en matière de gestion hospitalière et d'optimisation du parcours de soins. En Angleterre, aux Pays-Bas et en Norvège, des données sur les sorties tardives des patients des hôpitaux permettent de déceler plusieurs types d'abus. « Pour réduire le gaspillage, il faut changer les comportements en commençant par convaincre les patients de ne pas se précipiter aux urgences », préconise Valérie Paris, analyste des politiques de santé à l’OCDE. « En Norvège, toujours en tête du classement pour le développement des soins primaires, mais aussi en Hollande où des structures médicales d’amont sont ouvertes 24 heures sur 24, les patients atteints du virus de la grippe seront sans doute beaucoup moins nombreux à atterrir à l’hôpital cette année », veut croire l’OCDE. Jusqu'à 56 % des visites aux urgences seraient inutiles dans certains pays...
Ce rapport révèle aussi la perception par les usagers de dérives graves au sein des systèmes de santé, en particulier en matière de corruption. Selon l'OCDE, « les fraudes parmi lesquelles des pratiques commerciales abusives, des corruptions institutionnelles où des financements illicites d’associations de patients représenteraient 6 % des dépenses de santé ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes