La ministre de la Santé a – enfin – pris la parole sur l’épineuse question de l’attractivité des carrières médicales à l’hôpital, sujet au cœur d’un rapport au parfum de mystère remis en juillet par l’ex-sénateur socialiste Jacky Le Menn.
Invitée au colloque annuel de l’INPH, Marisol Touraine a annoncé qu’elle présenterait « dans les prochaines semaines » la feuille de route « concrète » d’un « plan d’action pluriannuel sur l’attractivité », fondé sur les principales préconisations du rapport Le Menn, dont le « Quotidien » s’est procuré une copie (encadré).
Se gardant de détailler sa formule magique pour redorer le blason de l’hôpital, Marisol Touraine a précisé qu’il semblait « raisonnable » « d’avancer dans trois orientations » : « favoriser le début de carrière, afin de donner aux jeunes l’envie de venir exercer à l’hôpital », fidéliser les praticiens hospitaliers, soumis à la tentation du libéral en seconde partie de carrière, et « promouvoir des politiques sociales et managériales » pour les personnels médicaux.
Prévus dans le projet de loi de santé examiné au Sénat, les groupements hospitaliers de territoires (GHT) sont « une chance, un atout pour faire face au défi de l’attractivité des carrières », a ajouté la ministre.
Un tiers de PH en moins dans cinq ans
Soumis à des économies drastiques, exposé à des départs massifs à la retraite dans les cinq ans à venir (jusqu’à un tiers des PH « babyboomers »), l’hôpital est aux abois. Attendus cette semaine au ministère pour évoquer les suites au rapport Le Menn, considéré par tous comme une base de négociations et non une fin en soi, les PH le clament en chœur : il est urgent de passer au concret.
Si les cinq intersyndicales saluent la piste d’une revalorisation en début de carrière, leur degré d’enthousiasme varie sur le reste du document.
L’INPH juge le rapport Le Menn « bon » dans son ensemble mais ne se satisfait pas de la création de « pools » de remplaçants, mesure trop modeste face au spectre de l’intérim médical, évalué à 500 millions d’euros annuels par l’ancien député et neurologue Olivier Véran.
Plus radicale, la CMH s’agace de l’absence de chiffrage sur les valences (activité extra-clinique) et sur l’indemnité d’engagement de service public exclusif, dont elle souhaite doubler le montant (de 487,49 euros). Une revendication partagée par le SNAM-HP, satisfait de son côté du volet sur la gouvernance hospitalière.
Les PH se montrent divisés sur le dossier explosif du temps de travail, que l’ex-sénateur évite de trancher. Décompte horaire à la sauce « urgentistes » (réclamé par les spécialités à garde), maintien des tranches par demi-journées, découpe en cinq quartiers ? Avenir Hospitalier et CPH redoutent le point d’arrivée de cette réflexion cruciale sur l’organisation de la semaine de travail.
L’œil de Bercy
Quel sera la portée du plan de Marisol Touraine ? Les syndicats de PH redoutent déjà que Bercy freine des quatre fers pour financer des mesures fortes sur l’attractivité à l’hôpital. Sur les bases du rapport Le Menn, le seul coût de la revalorisation du début de carrière des PH temps plein (jusqu’au cinquième échelon) devrait dépasser 12 millions d’euros.
Mais déjà confronté au risque d’une grève des libéraux début octobre, Marisol Touraine prendra-t-elle le risque d’ouvrir un deuxième front, à l’hôpital cette fois ? À 20 mois de la présidentielle, la ministre s’assure en tout cas une forme de sécurité en préférant un plan pluriannuel à un calendrier resserré.
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