Ultime mobilisation unitaire contre la loi de santé

Les médecins préparent une journée santé morte le 13 novembre... sans les jeunes

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Publié le 29/10/2015
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Le 15 mars dernier, de nombreux internes avaient manifesté à Paris aux côtés des médecins seniors

Le 15 mars dernier, de nombreux internes avaient manifesté à Paris aux côtés des médecins seniors
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les députés et sénateurs réunis en commission mixte paritaire ont échoué à se mettre d’accord, mardi, sur une rédaction commune du projet de loi de santé. Le texte va donc retourner à partir du 17 novembre à l’Assemblée nationale pour une nouvelle lecture. Il s’agit là du dernier round de l’examen législatif du projet de loi, qui devrait être définitivement adopté avant la fin de l’année.

Mobilisés pour certains depuis plus d’un an, les médecins libéraux ne l’entendent pas de cette oreille. Leurs syndicats, embolisés ces dernières semaines par les élections aux URPS, reprennent le chemin de la contestation.

Les initiatives foisonnent. Il y a quelques jours, le Dr Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des médecins ORL (SNORL), annonçait son intention de réunir à Paris le 4 novembre tous les syndicats volontaires, plus l’UFML et l’Ordre des médecins pour créer un nouveau front du refus de la loi de santé et du tiers payant généralisé. Surtout, de nombreuses organisations appellent la profession à se mettre en grève le vendredi 13 novembre. Les coordinations, la FMF, le BLOC, le SML et l’UFML ont prévu de longue date un « black friday », une journée « santé morte ». La fermeture des cabinets pourrait bien se prolonger la semaine suivante, pronostique le Dr Jean-Paul Hamon, patron de la FMF. La CSMF s’y associera et prône la formation d’un « front syndical uni », tandis que MG France penche pour une action spécifique le 19 novembre.

Signe que l’heure est revenue à l’unité syndicale, un séminaire pourrait réunir l’ensemble des syndicats de médecins libéraux avant l’ouverture des négociations conventionnelles, programmée en février 2016, pour établir une plateforme de revendications communes. Bref, même si la cause semble entendue sur la loi de santé – le ministère a assuré qu’il réintroduirait notamment le tiers payant généralisé supprimé par le Sénat –, les syndicats veulent encore croire à une réécriture favorable du texte, et décrètent la mobilisation générale.

Les jeunes sont passés à autre chose

Contrairement à la manifestation nationale du 15 mars dernier qui avait réuni à Paris près de 50 000 membres de la communauté médicale, praticiens en exercice mais aussi de nombreux internes et chefs, cette mobilisation ne devrait concerner que les seniors que les jeunes. « La loi de santé va passer, c’est sûr, il n’y a plus de marges de manœuvre. À l’ISNI, on est passé à autre chose, reconnaît Baptiste Boukebous, président de l’Intersyndicat national des internes (ISNI). On est pas mal mobilisés par la grande conférence de santé, les réformes du 3e cycle et du temps de travail ». Rassurés par les promesses ministérielles d’un payeur unique et l’implication de l’assurance-maladie dans le bon fonctionnement du tiers payant généralisé, internes et chefs ne s’associeront pas à cette journée du 13 novembre. Il y a aujourd’hui un « hiatus » entre les syndicats seniors et les jeunes, confirme le Dr Julien Lenglet, président de l’ISNCCA (chefs de clinique). Les internes de médecine générale se démarquent également de leurs aînés. « Nous ne rejetons pas tout dans le projet de loi », affirme le président de l’ISNAR-IMG, Trystan Bacon.

Entre le printemps dernier et aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts. « En mars, le message de la mobilisation était clair, mais aujourd’hui, le mouvement est éclaté entre ceux qui prônent le déconventionnement, ceux qui veulent juste un baroud d’honneur, et ceux qui préparent déjà les négos conventionnelles », affirme Sébastien Foucher, président de l’ANEMF (étudiants).

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9445