Afin de raccourcir les délais d’obtention de rendez-vous pour les patients, le nouveau ministre allemand de la Santé Jens Spahn souhaite que les médecins libéraux consultent jusqu’à cinq heures de plus par semaine qu’actuellement. Un projet vivement rejeté par ces derniers, qui rappellent qu’ils travaillent déjà 52 heures hebdomadaires en moyenne.
Réunis à Erfurt pour leur congrès annuel, les médecins, tant libéraux qu’hospitaliers, s’insurgent contre ce projet destiné aussi à désengorger les urgences, en estimant que le problème n’est pas lié à l’offre de soins, mais bien à l’indiscipline des patients. Comme en France, les urgences hospitalières sont de plus en plus souvent sollicitées par des patients dont l’état de santé ne justifie aucune consultation spécialisée. Depuis dix ans, le nombre de consultations aux urgences a plus que doublé, y compris pendant les heures où les patients pourraient être reçus en ville. Médecins et soignants sont de plus en plus victimes d’intimidations ou de violences. L'Ordre réclame un durcissement des sanctions contre les agresseurs.
Le projet de Jens Spahn est lié au fait que l’installation n’est plus totalement libre en Allemagne, si bien que les caisses peuvent exiger une durée minimale de travail pour autoriser un médecin à ouvrir un cabinet. Actuellement, les médecins conventionnés doivent consulter au moins 20 heures par semaine, ces heures s’ajoutant aux visites et au temps administratif. La plupart des médecins consultent déjà plus de 20 heures par semaine, et estiment que le problème est ailleurs.
Cabinets-porte et télémédecine
Plutôt que travailler plus, hospitaliers et libéraux plaident pour une réorganisation plus globale de la prise en charge des patients. Ils avancent plusieurs solutions, dont la multiplication de « cabinets-porte » de médecine générale à l’entrée des hôpitaux, qui feraient un premier tri des arrivants avant l’accès aux urgences. Ceci implique toutefois des crédits et des bras médicaux supplémentaires. Autre idée, faire mieux connaître le numéro d’appel des urgences libérales « 116 117 », sous utilisé. Durant le congrès, certains délégués ordinaux ont même proposé d’instaurer un forfait non remboursable de 20 euros pour toute consultation aux urgences à l’initiative du seul patient, projet finalement rejeté par la majorité des délégués.
La généralisation des consultations de télémédecine est également mis en avant. L’Ordre a donné son feu vert alors que la télémédecine était depuis l’an dernier autorisée uniquement si le médecin avait déjà vu au moins une fois le patient concerné en chair et en os. Dorénavant, les médecins pourront faire des consultations de télémédecine avec n’importe quel patient. Cet acte ne sera toutefois pris en charge que si le médecin est conventionné par les caisses : en clair, pas question de rembourser les consultations organisées par des plateformes commerciales, notamment depuis le Royaume-Uni et la Suisse. Les médecins conventionnés qui consulteront en télémédecine bénéficieront d’un forfait, encore à négocier, avoisinant les 25 euros. Il leur reste toutefois interdit de « téléprescrire » des médicaments ou d’autres actes médicaux. Longtemps réticent à cette généralisation de la télémédecine, l’Ordre estime désormais qu’elle permettra d’accélérer les flux. Mais les associations de patients, très influentes en Allemagne, redoutent que ce qui n’est pour le moment qu’une possibilité ne devienne un jour une obligation. Cela pourrait selon elles nuire à la qualité des soins, surtout pour les patients âgés.
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