De notre envoyée spéciale
Circulation alternée, fonctionnaires en congé d’office, écoles et usines à l’arrêt... Pékin avait déployé les grands moyens pour offrir un ciel bleu à Barack Obama et Vladimir Poutine, lors du sommet de l’APEC (coopération économique Asie-Pacifique), mi-novembre. Les masques sur les visages n’ont pas disparu pour autant. Les microparticules ne s’évaporent pas d’un claquement de doigt.
En pleine transition, la Chine affronte enfin certains tabous liés à la santé. Les ravages de la pollution sont regardés en face. L’accompagnement des personnes âgées est perçu comme un autre enjeu essentiel : 65 millions de Chinois de plus de 60 ans ont perdu leur autonomie, or la Chine part pratiquement de zéro.
Coopérer avec des pays expérimentés est devenu une nécessité et, dans ce contexte, la France espère conserver son rôle de partenaire privilégié. Les Chinois ont demandé l’inscription de deux sujets clés - environnement et santé, vieillissement - au menu d’un grand forum médical franco-chinois. L’événement s’est tenu les 12 et 13 novembre à Pékin, à l’initiative de la fondation de l’Académie nationale de médecine, qui s’emploie à faire rayonner* la médecine française dans le monde. Des spécialistes de l’Hexagone y ont présenté leurs derniers travaux de recherche. Ils avaient reçu la consigne de ne pas donner de leçon trop magistrale : les Chinois n’aiment pas qu’on leur dicte la marche à suivre.
La médecine enseignée en français dans quatre villes chinoises
Le forum a été l’occasion de célébrer les relations médicales nourries entre les deux pays.
Quatre facultés de médecine chinoises ont une filière francophone, à Chongqing, Kunming, Shanghai et Wuhan. La France a accueilli 400 étudiants chinois en stage médical depuis 2008. Ceux de Wuhan reçoivent 600 heures de cours de français avant d’arriver au CHU de Nancy, illustre le Pr Jean-François Stoltz. De retour dans leur pays, ils prennent des postes à responsabilité et entretiennent la vitalité des liens sino-français.
Les travaux de recherche communs sont nombreux. Les instituts d’hématologie de Saint-Louis, à Paris, et de Ruijin, à Shanghai, coopèrent depuis 30 ans. « Ensemble, nous avons trouvé la première thérapie ciblée contre la leucémie la plus grave, celle qui entraîne la mort sous huit jours », relate le Pr Laurent Degos, qui préside la Fondation franco-chinoise pour la science et ses applications.
Une quinzaine de laboratoires sont à pied d’œuvre sur des projets conjoints en santé. « Nous sommes ensemble en Guinée pour lutter contre Ebola. Bientôt, le laboratoire P4 à Wuhan marquera une avancée majeure dans nos relations », note Jacques Pellet, ministre-conseiller à l’Ambassade de France en Chine.
Des cliniques et des EHPAD français prêts à investir en Chine
La réforme hospitalière engagée par la Chine entre dans une nouvelle phase, porteuse d’opportunités pour la France. « Nous souhaitons établir un dossier médical pour tous les patients ayant une maladie chronique. Nous souhaitons aussi que l’éducation des médecins soit homogène partout sur le territoire », précise le Pr Chen Ningshan, du ministère de la Santé. La Chine souhaiterait une coopération spécifique sur la gériatrie. L’ouverture des hôpitaux chinois aux capitaux étrangers, annoncée cet été, constitue un autre axe prometteur. Plusieurs groupes français de maisons de retraite et de cliniques privées sont sur les rangs.
* La fondation de l’Académie de médecine a organisé un premier forum médical en avril à Rio de Janeiro. La prochaine étape, après Pékin, devrait être Mexico en 2015.
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