« À bout de souffle », en « tension extrême », proche de la « rupture »… Les sénateurs Christine Prunaud (communiste, républicain, citoyen et écologiste) et Jean-Marie Bockel (Union Centriste) dressent un état des lieux alarmant du service de santé des armées (SSA) dans un rapport qui réclame un renforcement de son budget.
Ce service, très mobilisé auprès des militaires en opérations extérieures, a subi de fortes mesures d'économies, conduisant à la perte de 1 600 postes en cinq ans et à la fermeture de l'ancien hôpital militaire emblématique du Val-de-Grâce en 2016. « Pris en tenaille entre la diminution de ses moyens et l'augmentation de ses missions, le SSA est dans une situation critique », soulignent les deux sénateurs. Ils demandent « une réévaluation de ses moyens » à la faveur de l'actualisation de la loi de programmation militaire (LPM 2019/2025) prévue en 2021.
Des équipes chirurgicales très sollicitées
Le budget du SSA s'élève à 1,4 milliard d'euros et 14 760 personnes y travaillent. Mais pour Christine Prunaud, ce service est « l'éternel sacrifié », à la fois pressuré financièrement et sursollicité sur les théâtres extérieurs. « Les équipes chirurgicales du service ont été projetées en opérations deux fois plus souvent que prévu l'an passé », précise la sénatrice. Le SSA a subi de plein fouet la révision générale des politiques publiques puis les réductions de personnel – dites déflations – des précédentes lois de programmation militaires.
La crise du Covid-19 a ouvert de nouveaux fronts, au-delà du soutien médical des forces armées. Le SSA a prêté main forte au système hospitalier civil en accueillant des patients dans les hôpitaux d'instruction des armées (HIA), en assurant des transferts de malades Covid dans le cadre du dispositif d'évacuation médicale aéroportée Morphée et en déployant en quelques jours un hôpital de campagne à Mulhouse puis à Mayotte afin d'épauler les équipes civiles débordées. Une mobilisation d'autant plus remarquée que le SSA ne représente que 1 % de l'offre de soins en France. Une centaine de professionnels de santé – dont une quinzaine de médecins anesthésistes et réanimateurs – ont ainsi exercé à Mulhouse, la plupart réservistes.
Revaloriser les rémunérations
Pour les auteurs du rapport, le financement de postes médicaux figure au rang des priorités. « Le SSA ne tourne aujourd'hui que grâce à ses 3 000 réservistes, ce n'est pas tenable », alerte la sénatrice pour qui il faudrait recruter au moins 100 médecins (généralistes et spécialistes). « Il manque des chirurgiens orthopédistes mais aussi des dentistes et des infirmiers de bloc opératoire », ajoute Jean-Marie Bockel.
L'« effet de ciseaux » (réduction des moyens, augmentation des missions) pèse sur le moral des troupes et entraîne des départs, d'où la nécessité de mesures de « fidélisation ». « Il faut rendre la carrière plus attractive. Beaucoup partent vers le civil, notamment dans le privé car la rémunération y est plus intéressante », résume Christian Cambon, sénateur (LR), président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Pour préparer l'avenir, une autre piste serait d'ouvrir un peu les vannes de l'Ecole de santé des armées. Quinze postes d'élèves médecins supplémentaires sont proposés chaque année depuis 2019. Insuffisant aux yeux des parlementaires.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes