À quelques semaines de la création des groupements hospitaliers de territoire (GHT), au 1er juillet, près de 68 % des managers des hôpitaux publics (directeurs, ingénieurs et cadres hospitaliers) n'ont pas une vision claire de leur avenir au sein de ces futurs GHT. Surtout, 60 % d'entre eux estiment que cette réforme majeure de la carte hospitalière entraînera une dégradation de leurs conditions de travail, selon un sondage IFOP* réalisé pour le syndicat des managers publics de santé (SMPS).
Ces résultats sont jugés « inquiétants » par Jérémie Sécher, président du syndicat. « Nous n'avons jamais vu ça, il y a un vrai sujet, surtout sur les conditions de travail », commente-t-il.
Interrogés sur l'impact direct des futurs GHT sur leur métier, un tiers des directeurs et cadres hospitaliers considèrent que leur carrière va changer négativement et 77 % réclament un accompagnement des pouvoirs publics. Autre signe fort du climat dégradé : les cadres hospitaliers sont 60 % à estimer que les GHT ne traduisent pas la confiance dans les acteurs de terrain.
Marisol Touraine s'est employée cette semaine à déminer le terrain en promettant un engagement de deux milliards d'euros sur cinq ans à destination des hôpitaux dans le cadre de la réforme. Près de 150 GHT verront le jour d'ici au 1er juillet. La ministre de la Santé s'est aussi engagée à « réfléchir à l'évolution du métier de directeur », notamment pour valoriser la direction de site de proximité.
Exercice multisite
Il faudra davantage que des promesses. Du côté des attentes catégorielles, 28 % des managers hospitaliers privilégient une revalorisation des salaires (notamment dans la prise en compte de l’exercice multisite) et une réforme statutaire. « C'est l'attente la plus forte. Un GHT comprendra en moyenne entre 7 et 13 établissements. L'exercice va évoluer, il sera multisite », argumente Jérémie Sécher.
Le malaise des directeurs et cadres hospitaliers les conduit aujourd'hui à une remise en cause de carrière. « Un quart des directeurs affirment vouloir quitter leur poste à court ou moyen terme », met en garde le président du SMPS.
Plus généralement, 82 % des managers redoutent que les GHT rendent les organisations hospitalières encore plus complexes… « Nous défendons l'intérêt sanitaire des GHT, précise Jérémie Sécher. Mais la question de la relation à construire entre les établissements membres et supports est clairement posée ».
Le SMPS émet en particulier des réserves sur le risque de dérive vers une « technostructure » hospitalière onéreuse. Un paradoxe alors que les établissements sont soumis à un plan triennal d'économies de trois milliards d'euros d'ici à 2017.
* Sondage par questionnaire auto administré auprès de 1 046 managers et cadres d'établissements de santé entre le 27 avril et le 10 mai 2016
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