La profession se mobilise dans l'entre-deux-tours

Le front républicain gagne aussi la santé

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Publié le 27/04/2017
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Crédit photo : AFP

Les résultats du premier tour de la présidentielle confrontent, pour la seconde fois dans l'histoire de ce scrutin, le monde de la santé au Front national. À la présidentielle de 2002, les acteurs de la santé avaient rallié massivement Jacques Chirac. Aujourd'hui encore, une majorité de médecins expriment le choix de faire barrage au FN.

En ville, on repousse des deux mains les thèses frontistes. Selon notre sondage du 30 mars, seul 5 % des médecins envisageaient de voter Marine Le Pen au premier tour. Alors que la tradition est au profil bas syndical en période électorale, MG France assume un choix clair. « Un des programmes est incompatible avec l’éthique médicale et avec l’exercice de la médecine générale », écrit le Dr Claude Leicher. La « préférence nationale » ? Une notion « contraire à la déontologie médicale ». La suppression de l'aide médicale d'État (AME) « ne génère pas d’économies ». Quant à l'évocation « tendancieuse de "facilités" pour l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière », la réalité du terrain est tout autre, corrige MG France. « Nous devons soigner toute personne quelle que soit son origine ou sa situation », abonde le Dr Jean-Paul Ortiz, patron de la CSMF, qui rappelle l'ADN syndical : une médecine libérale et sociale. Sans être « enchanté » par Macron, Jean-Paul Hamon (FMF) va plus loin : « On ne discute pas avec le FN, et pour le second tour, nous n'aurons pas d'états d'âme ».

La santé, droit élémentaire pour tous

Même son de cloche à l'hôpital. « Pour contrer le FN », le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux n'a pas hésité à tweeter dès dimanche qu'il votera pour Macron. Sans donner de consigne, les cinq centrales de praticiens hospitaliers (INPH, SNAM-HP, CMH, CPH, Avenir hospitalier) sont unanimes : dans cette course finale à l'Élysée, il n'y a qu'un seul candidat « démocrate » et « républicain ». Comme les managers du SMPS, les PH voient dans la suppression de l'AME une atteinte à l'égalité d'accès aux soins incompatible avec les valeurs du service public. « L'analyse sociétale du FN dérange davantage que son programme en santé, explique l'économiste Claude Le Pen, peu surpris de cette levée de boucliers. Les médecins exercent une discipline humaniste ouverte à l'international. Pour eux, la suppression de l'AME ne traduit pas une vision en santé mais une politique anti-immigration. »

Quelle vision ?

Reste que, sans emboîter le pas de Marine Le Pen, certains professionnels ne sont pas davantage enclins à « marcher » pour l'ancien ministre de François Hollande. La participation d'Emmanuel Macron à un gouvernement socialiste instigateur de la loi de santé et du tiers payant généralisé fait grincer des dents. Ses projets d'autonomisation accrue des hôpitaux, ou de dérégulation supposée, posent question. La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) a choisi de se retrancher derrière le principe de neutralité syndicale. En début de semaine, le ralliement à Macron de 160 personnalités et élus « hollandais » – dont Marisol Touraine – a apporté de l'eau au moulin des praticiens libéraux qui, comme au BLOC, craignent l'avènement d'un « Hollande bis ».

À l’instar du Dr Olivier Véran, neurologue hospitalier qui fut rapporteur de la loi de santé, la galaxie santé de Macron interroge. Quelle est sa vision de la médecine libérale ? Derrière son envie de mieux inclure les complémentaires, le SML soupçonne une « logique des réseaux de soins ». Entre les deux candidats, pour certains, c'est « la peste et le choléra », résume un internaute du « Quotidien ».  

 

 

 

 

 

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9576