Face à l'afflux de personnes réclamant des tests au Covid-19 – plus d'un million par semaine – , la situation dans les laboratoires de biologie médicale reste extrêmement tendue, avec des délais de rendu des résultats atteignant jusqu'à dix jours à Paris, sans compter des files d'attente de plusieurs heures.
Vendredi dernier, cette situation a conduit le premier ministre Jean Castex à annoncer la mise en place de « circuits dédiés de dépistage » dans les laboratoires avec des créneaux horaires réservés aux personnes prioritaires (symptomatiques, cas contact, personnel soignant). Des tentes de dépistage ont été promises dans les grandes villes.
Prescription
Las, toute la semaine les témoignages de patients et de professionnels de terrain se sont multipliés, confirmant l'engorgement voire la saturation des laboratoires, dans le cadre de ce dépistage de masse.
Au point que ce mercredi, le Centre national des professions libérales de santé (CNPS) a réclamé que la stratégie de dépistage médicalisée s'articule autour de trois filières « distinctes et organisées », avec une priorité donnée en laboratoire aux patients « munis d’une prescription médicale » pour les tests RT-PCR nasopharyngés. Pour le CNPS, la file active des personnes nécessitant d’être testées doit faire l’objet d’une deuxième filière distincte, « organisée en dehors des laboratoires sur des sites dédiés » avec des tests salivaires ou nasopharyngés. Enfin, toutes les autres demandes doivent être organisées « par les ARS » en recourant aux tests rapides nasopharyngés antigène-anticorps, réalisables par « tous les professionnels de santé ».
Deux autres syndicats, Jeunes médecins (JM) et Action praticiens hôpital (APH), haussent aussi le ton. « Les capacités de prélèvement sont dépassées, les réserves de réactifs et de matériel de prélèvement s’épuisent et les équipements restent à nouveau bloqués aux frontières ou ailleurs, alertent-ils. En vue de l’arrivée annoncée d’une deuxième vague, il faut revenir à une prescription médicale raisonnée des tests dont, nous le rappelons, le seul reconnu actuellement est la RT-PCR sur prélèvement naso-pharyngé. »
« Des demandes qui tombent comme de la grêle »
Pour François Blanchecotte, patron du CNPS et du Syndicat des biologistes (SDB), seul un tiers des personnes en demande de test sont dans une situation « urgente ». « Il faut vraiment remettre du bon sens dans cette stratégie car, entre les classes entières d'enfants à faire dépister, les tests à faire avant hospitalisation ou chirurgie et le reste, c'est compliqué. Toutes les demandes nous tombent dessus comme de la grêle ».
« Nous priorisons déjà dans les laboratoires et dans les faits, c'est ingérable ! s'agace aussi le Dr Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM), également partisan du retour de l'ordonnance médicale. Comment une secrétaire déjà débordée peut-elle décider qu'un patient est symptomatique ou non ? Nos secrétaires ne sont ni médecins, ni policières ». Il préférerait « plus de machines, plus de réactifs, plus de personnels ».
Autre indice des tensions au sein du secteur, 20 laboratoires du groupe Biofusion en Occitanie (Lot, Tarn-et-Garonne et Haute-Garonne) ont reconduit une grève ce mercredi. Le mouvement est parti du versement de la prime Covid, jugée trop faible par les personnels à bout. « Notre plateau technique est capable de faire 1 500 tests par jour et nous sommes à 5 000... D’où le retard, et l’agressivité des patients qui s’inquiètent de ne pas avoir leurs résultats en temps et en heure (...). Les coups de téléphone ont été multipliés par 10. On n'en peut plus », témoigne une déléguée syndicale.
Les kinés en renfort
Sous pression, Olivier Véran s'exprimera ce jeudi sur la nouvelle stratégie de dépistage et les moyens de garantir la priorisation. D'ores et déjà, deux mesures visant à réduire les délais entrent en vigueur.
Les laboratoires ne disposant pas « du nombre de personnels nécessaire » pourront faire réaliser le prélèvement par un masseur-kinésithérapeute, précise ainsi un arrêté paru ce mercredi. Une formation spécifique dispensée par un médecin ou un biologiste médical devra avoir été suivie par le paramédical.
Ce même arrêté autorise les « tests rapides nasopharyngés antigéniques », sur proposition des agences régionales de santé (ARS) pour des dépistages collectifs. Ces tests « d'orientation diagnostique » ne concerneront pas les patients symptomatiques ni les cas contacts. Et en cas de résultat positif, le test antigénique devra être confirmé par la réalisation d'un test RT-PCR...
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