Selon un baromètre, 74 % des habitants de l'Union européenne souhaitent que les compétences de celle-ci soient élargies en matière de santé, pour faire face aux crises sanitaires et pandémies à venir. Partant de cette attente forte des citoyens européens, et dans le cadre de la présidence française du conseil de l'UE, le Conseil économique social et environnemental (Cese) a adopté début avril un avis sur la construction d'une Europe de la santé, avec 17 préconisations permettant d'en poser les bases.
Si la crise Covid a agi comme « un révélateur de l’importance de l’échelon européen » – avec un train de mesures prises comme les achats de vaccins ou la mise en place des passes sanitaires – elle a aussi démontré la nécessité « de construire une Europe de la santé coordonnée, », ont résumé les deux rapporteurs du texte, Catherine Pajarès y Sanchez (CFDT) et Benoît Miribel (secrétaire général de la fondation Une santé durable pour tous), tout en soulignant les nombreux défis que cela soulève d'un point de vue politique, de santé publique, scientifique, industriel ou encore numérique.
En effet, en vertu du principe de subsidiarité, l'Union n'intervient actuellement pas ou peu dans le domaine de la santé, qui ne relève pas de sa compétence exclusive mais de celle des États membres. Le Cese propose donc de commencer par utiliser « la coopération renforcée » entre les pays membres, notamment en ce qui concerne la politique de prévention en santé. Au niveau de la gouvernance, la commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire – Stella Kyriakides – pourrait être « responsable de la coordination des agences sanitaires de l’UE » et de la politique de prévention, déclinée en plans d’actions thématiques (maladies cardiovasculaires, santé mentale, cancers, maladies infectieuses, santé au travail etc.).
Modèle « One health »
Le modèle de santé européen voulu par les rapporteurs est basé sur le concept « One Health », qui rapproche écologie, médecine humaine et vétérinaire, en lien avec les valeurs « de solidarité et de cohésion sociale et territoriale » de l’UE. Prônant un modèle inclusif, pour permettre « une meilleure prise en compte de la santé dans l’ensemble des politiques publiques et une meilleure information des citoyens », elle souhaite renforcer l’évaluation des politiques européennes, avec notamment des études d’impact sur la santé, sur les 20 % les plus précaires ou encore l’espérance de vie en bonne santé.
En termes de recherche européenne, pour l'instant encore « trop cloisonnée », le Cese appelle à accroître les synergies et à lever les brevets en cas de pandémies et de crises sanitaires, pour doter les pays tiers « des capacités de fabrication et d’administration » des vaccins. Les rapporteurs préconisent aussi d'évaluer « en toute transparence » la future Autorité européenne de préparation et de réaction aux urgences sanitaires (Hera).
Au niveau industriel, afin de réduire les pénuries, le Cese invite à la création d'une base de données commune européenne, sous la responsabilité de l’agence européenne des médicaments (EMA), afin de disposer en temps réel « d’une vue précise de l’état des stocks » grâce à un système d’alerte. La relocalisation sur le sol européen de la production d’équipements de protection et de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (à lister) doit aussi être favorisée. « Il faut aller plus loin dans l'autonomie de l'UE sur ce secteur stratégique », indiquent les rapporteurs. Quant aux données de santé, elles doivent bénéficier des niveaux de sécurité les plus élevés et être hébergées en Europe. La France doit proposer le lancement d’un chantier pour harmoniser les méthodes d’analyse et de recueil épidémiologique, et ainsi préparer la voie au Health Data Hub, précise le Cese.
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