En matière de « nucléaire de proximité », le niveau de protection s’avère globalement « satisfaisant » en Ile-de-France, conclut l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au regard du bilan de ses inspections réalisées l’année dernière dans la région. La campagne 2016 a permis 157 inspections dans ce domaine, dont 90 concernant spécifiquement le secteur médical.
C’est dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées que l’autorité concentre ses critiques, jugeant préoccupant « la faible culture de radioprotection » dans certains centres. « Malgré les efforts consentis par de nombreuses structures pour se mettre en conformité avec la réglementation, les disparités entre les centres persistent », souligne l’autorité. Sur les 38 structures de radiologie interventionnelle inspectées l’année dernière, l’ASN relate « cinq évènements patients déclarés liés à des dépassements de seuils susceptibles d’entraîner des effets déterministes » sur les personnes concernées.
Si la radioprotection est mieux prise en compte dans des spécialités médicales comme la cardiologie ou la neuroradiologie interventionnelle où les actes sont réalisés dans des salles dédiées, « avec des professionnels plus sensibilisés à la radioprotection », la situation s’avère tout autre dans les spécialités pour lesquelles les professionnels réalisent des actes interventionnels au sein de blocs opératoires.
Physiciens médicaux « fantômes »
« C’est particulièrement vrai chez les médecins libéraux qui ne se protègent pas, ne suivent pas leur exposition et ne se suivent pas médicalement », indique Bastien Poubeau, chef de la division de Paris de l’ASN. Ce dernier met également en exergue la « très grande hétérogénéité des pratiques » parmi les prestataires externes en physique médicale.
Le responsable de la division parisienne évoque de nombreux cas de services « a minima », avec très peu de présence sur sites. « Dans beaucoup de structures, notamment en cliniques privées, l’action des prestataires externes se limite trop souvent à une étude documentaire à distance », poursuit Bastien Poubeau. « On attend qu’ils aillent en blocs opératoires pour régler les machines et former les praticiens à leur utilisation », insiste-t-il. Des défaillances organisationnelles qui participent à l’accroissement de l’exposition chronique des patients et des personnels soignants.
Tensions en radiothérapie
Dans le domaine de la radiothérapie, l’autorité a relevé 17 évènements significatifs relatifs à la radioprotection (ESR) de niveau 1 (sur une échelle de 7), « des évènements dosimétriques, mesurables mais qui n’ont aucun effet sur la santé », note Bastien Poubeau. Pour l’ASN, « le renouvellement des machines et la mise en oeuvre de nouvelles techniques de traitement engendrent des tensions sur les organisations en place, ce qui peut favoriser la survenue d’erreurs ».
Une « erreur humaine et organisationnelle » est par ailleurs à l’origine d’un ESR de niveau 2 recensé au CHI de Poissy-Saint-Germain et « ayant engendré une altération modérée d’un organe ou d’une fonction » chez un patient. Il concernait une erreur de côté « pour plus de la moitié du traitement » dans le cadre d’une prise en charge ORL.
Actes injustifiés en scanographie
En médecine nucléaire, à la suite de dix-huit inspections effectuées en 2016, 17 ESR ont été déclarés dans les services, dont un évènement lié à la surexposition radiologique d’une patiente lors d’une radio-embolisation sélective de métastases hépatiques. L’ASN a aussi relevé dans les sites visités, huit cas d’erreurs d’administration de médicaments radiopharmaceutiques. Enfin, en matière de scanographie, l’ASN a constaté au regard de ses neuf inspections que de nombreux actes s’avéraient injustifiés dans certains centres. L’autorité appelant par ailleurs à poursuivre les efforts pour maîtriser les doses délivrées aux patients, en impliquant davantage les physiciens médicaux sur le terrain.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes