Existe-t-il un « lobby » des médecins au Palais Bourbon comme certains le prétendent parfois ? Difficile de trancher tant la puissance supposée du corps médical y est délicate à évaluer, toujours fantasmée et souvent exagérée. On aura un premier élément de réponse le 19 juin au vu du contingent de blouses blanches qui seront élues. Car, soyons basique : pour peser, il faut d'abord faire nombre. Et de ce point de vue, l'arithmétique ne penche pas pour les «docteurs». Par le passé, la profession a compté jusqu'à une cinquantaine de représentants dans l’hémicycle. Ils ne sont plus qu’une petite trentaine. Et même si la plupart des sortants ont décidé de se représenter, rien ne garantit que le club des enfants d'Hippocrate sera plus étoffé lors de la prochaine législature. Pas évident dans ces conditions qu’on puisse parler de groupe de pression.
Autre condition pour s’imposer : la proximité des élus avec la couleur du moment. Le « pouvoir médical » a ainsi été incontestablement plus fort quand la droite était aux affaires que quand la gauche gouvernait. Sous Macron 1, la grande majorité des élus médecins étaient encartés LREM, ce qui est a priori un atout pour avoir droit de cité. Tout laisse supposer que cela devrait durer : ni la Nupes, ni le RN ne faisant beaucoup d’émules dans les rangs de la profession.
Mais l'essentiel n'est pas là. En politique plus qu'ailleurs, c’est l’union qui fait la force. Le groupe de médecins députés doit donc être suffisamment homogène s’il veut être pris au sérieux. Pas sûr que cette condition ait vraiment été réunie entre 2017 et aujourd’hui, si l’on en juge par la dissidence de l’urgentiste Delphine Bagarry ou par les attaques anti-gouvernementales de la psychiatre Martine Wonner. Et c’est pour ne rien dire des sorties de route du fantasque radiologue Joachim Son Forget. Macron voulait ouvrir l'Assemblée à la société civile : avec les toubibs, il a été servi...
En réalité, seul le bilan d’une législature permet de juger in fine si les médecins députés ont pu influer ès qualité en faveur de leur corporation. De ce point de vue, on observera que l’initiative d’une Stéphanie Rist pour créer une profession intermédiaire en santé a surtout eu le don d’exaspérer ses confrères. Tout comme l’activisme de Delphine Bagarry en faveur des délégations de tâches… Quant à l’urgentiste Thomas Mesnier, ses interventions sur la permanence de soins ont surtout été saluées par les PH. Sur les questions de société qui intéressent la santé, les praticiens élus n’ont par ailleurs guère été en pointe, si l’on excepte l’investissement du Pr Jean-Louis Touraine sur la bioéthique. Et concernant la défense de la santé publique, on ne les a pas plus entendus. Autant dire que jusque-là les médecins de Macron se sont plus fondus dans la masse qu’ils ne se sont distingués. Ni franchement disruptifs ni complètement godillots, beaucoup ont jusque-là donné l'impression de chercher leurs marques. Vous avez dit lobby ?
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