DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
EN 1988, lorsque l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite a été créée, la maladie paralysait plus de 1 000 enfants par jour. Depuis, 2,5 milliards d’enfants ont été vaccinés pour un coût total de plus de 8 milliards de dollars, le nombre des cas a diminué de plus de 99% et plus de 1,2 million de décès ont été évités.
La région OMS des Amériques a été certifiée exempte de poliomyélite en 1994 ; la région Pacifique occidental en 2000 et la région Europe en 2002.
En 1999 s’est produit la dernière infection par le virus de type 2. En conséquence un vaccin bivalent 1+3 a été développé (il est possible de se demander pourquoi les vaccins utilisés en France contre la poliomyélite sont encore trivalents, mais cela est une autre histoire).
Quatre pays d’endémie subsistent alors : l’Afghanistan, l’Inde, le Nigéria et le Pakistan.
Nigéria : la rumeur sida et stérilité.
Les pays en développement n’étant pas plus à l’abri des rumeurs concernant les vaccins que les pays du Nord, en 2003, dans le nord du Nigeria, les campagnes de vaccination ont été suspendues, la rumeur voulant que le vaccin transmette le sida et rende stérile. La conséquence en a été une flambée qui s’est propagée du Nigéria, mais aussi de l’Inde, à l’Afrique de l’Ouest et au total dans 40 pays d’où la poliomyélite avait été éliminée (élimination n’est pas éradication ; l’élimination est l’absence de cas mais la persistance d’une menace de réintroduction ; l’éradication signifie que les racines de la maladie ont été détruites et qu’il n’y a donc plus de risque de réintroduction).
Inde : dernier cas e 13 janvier 2011.
La situation de l’Inde était particulière car elle était la plus grande pourvoyeuse de cas et obtenir l’élimination de la maladie y semblait impossible, ce d’autant que les enfants les plus vulnérables sont les plus difficiles à atteindre. Les équipes ont alors réussi à susciter une volonté politique, familiale et des autorités de santé publique en faveur de la vaccination. Le temps des dramatiques vaccinations forcées avec recours aux agents de la force publique est donc bien révolu. De plus, il a été considéré qu’il fallait que chaque enfant susceptible d’être vacciné soit connu. Le résultat est spectaculaire car le dernier cas indien s’est produit le 13 janvier 2011 et que, pour la première fois, il a été montré publiquement, lors de ce congrès, une carte du monde sans cas en Inde.
Pakistan : la rumeur ADN de ben Laden
Actuellement, la transmission n’a jamais été interrompue dans trois pays, l’Afghanistan, le Nigéria et le Pakistan. Dans ce dernier pays, la couverture vaccinale a régressé car, outre une situation instable, une rumeur voulait que les campagnes de vaccination fussent un prétexte pour rechercher l’ADN de ben Laden. Il en résulté une épidémie qui s’est étendue jusqu’en Chine. La transmission s’est rétablie en Angola, au Tchad et en République démocratique du Congo et des épidémies se sont produites en Chine, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Kenya, Libéria, Mali, Mauritanie, Népal et Niger.
Le type 3 du virus ne circule plus que dans deux pays et l’éradication prochaine de ce type est probable.
L’espoir d’une éradication à très court terme existe, mais 50 % des fonds nécessaires au programme manquent. Si cela devait se produire, la poliomyélite, après la variole, serait la deuxième maladie éradiquée par l’homme.
De plus, la stratégie de mobilisation de la communauté développée pour la poliomyélite pourrait être appliquée à d’autres problèmes de santé et les structures de vaccination pour-raient devenir des plateformes pour d’autres interventions de santé publique.
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