PLUTÔT PARTIR TÔT que gagner plus : la majorité des infirmières des hôpitaux publics préfèrent garder l’avantage d’une retraite avant 60 ans à la revalorisation salariale proposée par le gouvernement (dans le cadre de l’intégration de leur formation au cursus LMD), ce qui va accroître encore plus la pénurie dont souffre cette profession.
Entre le 1er octobre et le 31 mars, les 220 000 infirmières que compte la fonction publique hospitalière devaient choisir entre deux options : conserver, comme actuellement, le droit à une retraite à 55 ans (57 ans en 2018 après la réforme des retraites) ou bien grimper de la catégorie B à la catégorie A, avec un gain d’environ 300 euros en fin de carrière. Les résultats officiels n’ont pas encore été publiés par le ministère du Travail et de la Santé, mais la tendance est déjà connue : le passage en catégorie A n’a pas séduit autant le personnel infirmier (féminin à 87 %) que prévu.
Selon la Fédération hospitalière de France (FHF), « une petite moitié a choisi de passer en A et une grosse moitié de rester en B », les jeunes ayant plus volontiers privilégié la première option.
En revalorisant la profession d’infirmière – via la reconnaissance de leur formation (bac+3) au niveau de la licence universitaire – le gouvernement tablait sur le passage des deux tiers de la profession en catégorie A, ce qui, grâce à l’allongement de la carrière, permettait de maintenir le corps (dont un tiers a plus de 50 ans) plus longtemps en activité. Le peu d’empressement des infirmières à opérer ce choix – et dont leur préférence affirmée pour une retraite anticipée – ne va pas arranger, dans les années à venir, la situation de l’emploi dans une profession déjà sous tension.
« Compte tenu du nombre de diplômes délivrés tous les ans et des départs en retraite, on va déjà vers un déficit de 100 000 infirmières et infirmiers d’ici 4 à 5 ans », toutes catégories confondues (fonctionnaires, salariés du privé, secteur libéral), estime ainsi Philippe Crépel de la CGT-Santé. Selon lui le gouvernement « a plombé » la revalorisation du diplôme et du salaire de la profession avec la réforme des retraites.
Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale Infirmière (CNI) parle, elle aussi, de « télescopage » des deux réformes. Et souligne un autre facteur aggravant, qui va se faire sentir dès cet été : la suppression de l’avantage donné aux femmes fonctionnaires ayant élevé au moins trois enfants, de pouvoir toucher une retraite au bout de 15 ans d’activité.
Les infirmières dans cette situation ont jusqu’au 30 juin pour se décider à partir ou bien à perdre cet avantage. Beaucoup vont être tentées de prendre leur retraite, alors qu’elles auront à peine la quarantaine et iront probablement travailler dans le privé, selon Nathalie Depoire.
Force ouvrière, pour sa part, demande au gouvernement de réagir vite. Et lui suggère de « rétablir la catégorie active » (qui permet de faire jouer les droits à retraite anticipée dans la fonction publique hospitalière), de créer des postes, d’améliorer « les rémunérations et les déroulements de carrière ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes