Après le Planning Familial, c'est au tour du Conseil de l'Europe de sonner l'alerte. Des « restrictions rétrogrades » ont entraîné un recul des droits des femmes en matière d'accès à la contraception et à l'avortement en Europe, estime le Conseil qui publie un rapport accompagné d'une série de recommandations.
« Ces dernières années, des menaces pour la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes ont émergé en Europe », souligne Nils Muižnieks, le commissaire aux droits de l'Homme. Des pays comme l'Arménie, la Géorgie, la Macédoine, la Russie et la Slovaquie ont récemment adopté « des mesures renforçant les critères à remplir pour les femmes afin d'avoir accès à l'avortement », rappelle le rapport. En Pologne, « une loi a réintroduit l'obligation d'obtenir une prescription médicale pour accéder à un moyen de contraception d'urgence ».
Législation restrictive
D'autres pays ou juridictions comme l'Irlande, Andorre, le Liechtenstein, Malte, Monaco, et San Marin ont une législation « hautement restrictive » en matière d'accès à l'avortement, qui n'est souvent autorisé qu'en cas de risque pour la vie ou de viol. Des peines de prison - jusqu'à la perpétuité en Irlande du Nord - sont prévues pour les femmes ne respectant pas la loi.
« Même dans les pays où la loi est moins restrictive, les femmes doivent parfois faire face à des obstacles importants », relève le commissaire. En Italie, sept professionnels de santé sur dix refusent de pratiquer un avortement, invoquant une clause de conscience, souligne le rapport. En Turquie, une femme mariée doit obtenir le consentement de son époux pour avorter.
Le droit à l'avortement est reconnu dans 40 des 47 États-membres du Conseil de l'Europe. Selon les États, ce droit peut être entouré de restrictions avec notamment une limite dans le temps pouvant aller de 10 à 24 semaines de grossesse.
Stéréotypes et inégalités de genre
« La santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes sont des droits humains. Malheureusement toutefois, les femmes en Europe continuent de voir ces droits bafoués ou restreints en raison de lois, politiques et pratiques qui reflètent en définitive la persistance de stéréotypes et d’inégalités de genre », a souligné Nils Muižnieks. Il demande aux États de « prendre conscience de ces violations, y remédier, et s'engager résolument à faire progresser l'égalité de genre dans ce domaine crucial de la vie ».
Parmi les 54 recommandations du rapport, figurent l'accès à une contraception moderne, à un avortement légal et sûr, le fait de veiller à ce que le refus de donner certains soins opposés par des professionnels de santé ne compromette pas l’accès des femmes en temps utile à des soins de santé sexuelle et reproductive.
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