Quand on pense aux interventions prioritaires pour la santé des populations des pays pauvres, l’imagination se porte surtout sur la prévention : vaccination, distribution de moustiquaires... Mais la Banque Mondiale vient de publier un livre qui bouleverse les idées reçues en la matière : d’après l’institution financière basée à Washington, garantir l’accès universel à 44 procédures chirurgicales essentielles dans les pays en développement permettrait d’y épargner 1,5 million de vies par an, soit 6,5 % des décès évitables.
Aujourd’hui, déplore la Banque Mondiale, l’accès à la chirurgie est très inégalement réparti : 2 milliards de personnes dans le monde sont privées des services les plus basiques. Les rendre disponibles pour l’ensemble de la population est une tâche titanesque. C’est pourquoi les auteurs du livre proposent de cibler dans un premier temps les 28 interventions qui, parmi les 44 qui composent le paquet des procédures dites « essentielles », sont réalisables dans des hôpitaux de proximité : appendicectomie, hernie, césarienne…
Promouvoir les opérations réalisées par des non-chirurgiens
Même en se limitant à ces 28 interventions, des ajustements sont nécessaires pour démocratiser la chirurgie, explique la Banque Mondiale. Il faut par exemple repenser la question des ressources humaines, car il sera probablement impossible d’atteindre l’objectif de couverture universelle en s’appuyant uniquement sur les compétences de chirurgiens et d’anesthésistes chevronnés.
« Les données disponibles montrent que des opérateurs de niveau intermédiaire peuvent effectuer de manière sécurisée un certain nombre de procédures chirurgicales essentielles, à condition qu’ils soient formés de manière adéquate, bien supervisés et qu’ils opèrent fréquemment », explique l’institution internationale. Et cette dernière de citer l’exemple des « técnicos de cirurgia » mozambiquiens ou des « assistant medical officers » tanzaniens, des non-médecins qui effectuent environ 90 % des opérations de chirurgie obstétrique majeure d’urgence dans les zones rurales de leur pays respectif.
Un ratio coût bénéfice de 10 pour 1
Reste la question du coût. Garantir la disponibilité des 28 interventions dont il est question coûterait d’après la Banque Mondiale un peu plus de 3 milliards de dollars par an. Un chiffre qui peut paraître important, mais qu’il faut comparer avec les plus de 30 milliards de dollars annuels que représente la seule aide au développement dans le secteur de la santé, tous domaines confondus.
L’investissement dans la chirurgie est d’autant plus justifié que la Banque Mondiale classe les 28 interventions concernées parmi celles qui permettent de sauver le plus de vies par euro dépensé. Le ratio coût/bénéfice de l’investissement recommandé par le livre serait d’après ses auteurs de 10 pour 1. Cela signifie que pour chaque euro investi dans la chirurgie, les retombées économiques globales (en termes d’années de vie gagnées et de productivité améliorée, par exemple) sont de 10 euros. Voilà qui appelle, d’après l’institution financière, à une réorientation des financements vers la chirurgie, aujourd’hui trop négligée par l’aide internationale pour la santé.
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