La crise du Covid va-t-elle coûter sa place à Emmanuel Macron ? Au plus fort de celle-ci, la question agite le monde politique, alors que, pour la première fois, un ancien ministre de la Santé se lance en face de lui dans la compétition pour l’Élysée. Il y a longtemps déjà que Xavier Bertrand a troqué sa casquette de mécano des affaires sanitaires pour un costume plus chic de présidentiable. Mais la coïncidence interpelle, alors même que la pandémie accapare les esprits et dicte les stratégies. D’autant que le président des Hauts-de-France lance sa campagne précisément sur la gestion du Covid, insistant sur le retard français en matière de vaccination et appelant le chef de l’État à « reconnaître ses erreurs ». L’annonce de la candidature Bertrand intervient à point nommé. Pas uniquement parce qu’elle prend de court (à droite) ses concurrents et qu’elle se produit au moment où Macron est critiqué comme jamais. Mais aussi parce qu’elle lance la course à l’échalote au plus mauvais moment pour la majorité, alors que cette crise rentre dans une phase critique, chronique et aiguë à la fois.
Avec cette troisième vague, c’est le fonctionnement même du service public qui semble menacé. À commencer par celui de la santé. L’inquiétude est au zénith dans les hôpitaux. Pour la première fois, des médecins préviennent qu’ils vont devoir, à leur corps défendant, faire le tri : parmi les malades Covid, mais aussi les autres. Pour reprendre une métaphore fameuse du président, tout se passe comme si l’on était « en guerre » : urgence absolue, efficacité maximale, mais dommages collatéraux inévitables… Autre secteur vital menacé : l’éducation nationale, alors qu’on s’interroge sur l’impact d’une fermeture des écoles. Avec les conséquences que l’on sait sur le risque de décrochage des enfants, les problèmes d’inclusion chez les plus défavorisés et de santé mentale des plus fragiles. La déscolarisation met aussi à mal la stratégie du « chacun chez soi », rendant impossible le télétravail pour de nombreux parents. Dans ce contexte de mobilisation générale, l’armée et la police se voient également mises à contribution, les premiers pour faire fonctionner des centres de vaccination, les seconds pour multiplier les contrôles. Chez les gardiens de la paix, on proteste contre le manque de masques pour assurer cette mission. Une réaction révélatrice d’un gigantesque ras-le-bol, à l'issue d'un an d'alerte sanitaire permanente et deux ans après l’explosion des gilets jaunes.
Cette chienlit va-t-elle ouvrir un boulevard à Xavier Bertrand ? Voire… La droite part de très bas. Et les réquisitoires de l’ancien locataire de Ségur risquent de se heurter très vite à sa proximité avec le Premier ministre. Jean Castex fut son directeur de cabinet et c’est quand même lui qui — avant même son arrivée à Matignon — a coordonné de A à Z la réponse à la crise du Covid…
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