Avenir du système de santé, temps médical, attractivité du métier, déserts médicaux, réforme des urgences, tiers payant... À un peu plus d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle, l'Ordre des médecins a mis en ligne, ce vendredi 17 mars les réponses de cinq candidats aux questions de la profession recueillies lors d'une consultation nationale.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Fillon (Les Républicains), Benoît Hamon (PS), Marine Le Pen (FN) et Emmanuel Macron (En Marche) ont répondu au questionnaire sur la santé rédigé par le CNOM à partir des contributions de 15 000 praticiens. Seul Jean-Luc Mélenchon (la France Insoumise), qui vient, dans une interview à BFM, de proposer la dissolution de l'Ordre, a décliné l'invitation.
« Nous avons réussi à imposer que la santé soit au cœur de la campagne, s'est félicité le Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre, en introduisant ce vendredi les réponses des candidats, mises en ligne sur le site du conseil national. Nous voulons aujourd'hui imposer la réforme du système de santé à l'agenda du futur président de la République. »
Attractivité de la profession : le credo des revalorisations
Sans surprise, les candidats se sont déclarés favorables à des revalorisations d'honoraires pour améliorer l'attractivité de la profession. Mais ils n'ont pas fait de promesses démesurées, s'abstenant de chiffrer ces revalos, à l'exception de Nicolas Dupont-Aignan, qui propose de faire passer le tarif de la consultation à 35 euros, seule solution selon lui pour éviter les dépassements d'honoraires.
Marine Le Pen promet de « réfléchir au tarif de la consultation », dont le montant ne suit pas assez, selon elle, l'évolution du coût de la vie. Emmanuel Macron n'est guère plus précis. Il souhaite revoir « en profondeur » la logique de rémunération « en prenant davantage en compte les actes de prévention » et estime que le paiement à l'acte n'est pas toujours la meilleure réponse.
Même tonalité chez Benoît Hamon. Le candidat socialiste souhaite que les médecins soient rémunérés « correctement » avec un mix de paiement à l'acte et de rémunération forfaitaire avec une meilleure rémunération des actes de prévention des maladies chroniques.
François Fillon est sur la même veine, qui veut que les praticiens soient « justement rémunérés ». Il propose pour cela de revaloriser l'acte « de façon régulière », mais veut aussi rémunérer les médecins « pour toutes les tâches qu'ils accomplissent au-delà des actes médicaux ».
Gagner du temps médical : à chacun sa recette
Les candidats estiment tous qu'il est indispensable de redonner du temps médical aux praticiens même si concrètement, ils ne rivalisent pas de propositions audacieuses. Nicolas Dupont-Aignan veut « débureaucratiser le système », permettre les délégations de tâches, et multiplier les maisons de santé. « Un médecin est là pour soigner, pas pour remplir des papiers », juge pour sa part François Fillon qui veut « réduire le nombre d'obligations administratives » pesant sur les médecins. Dans le collimateur du candidat LR, mais sans les nommer, « les systèmes de contrôle redondants qui doivent disparaître ». François Fillon milite aussi pour la diminution du nombre d'emplois publics, où « il y a beaucoup de personnes qui contrôlent, qui mettent en place des normes ».
Même souci de soulager les praticiens chez Benoît Hamon. Le candidat PS veut les aider à embaucher du personnel administratif grâce au développement des maisons de santé (qui permettent de mutualiser les fonctions support). Sur ce sujet, Emmanuel Macron souhaite permettre aux médecins d'être rémunérés pour certaines tâches administratives, libre à eux ensuite de les faire exécuter par d'autres. L'ancien secrétaire général de l'Élysée propose aussi de multiplier les maisons de santé (2 000 à la fin de son quinquennat), et de développer les délégations de tâches.
Chez la candidate FN, même petite musique. Marine Le Pen veut faciliter l'embauche de personnel médico-administratif via des incitations fiscales, et aider à l'achat d'équipement informatique.
Le tiers payant en sursis ?
Sur le sort réservé au tiers payant généralisé, le clivage gauche-droite reste brouillé. Nicolas Dupont Aignan le supprime purement et simplement, tout comme François Fillon. Marine Le Pen estime qu'il faut mettre fin à « son caractère obligatoire ». Elle reconnaît qu'il constitue « un véritable cauchemar pour les médecins », mais rappelle qu'il est plébiscité par 74 % des Français. La candidate frontiste veut laisser les médecins décider ou non de l'appliquer.
De son côté, Benoît Hamon propose de le simplifier (sans donner la méthode) et ne le remet pas en cause. Enfin, Emmanuel Macron tente la synthèse en proposant une évaluation du dispositif et le développement de la dispense d'avance de frais sur la base du volontariat des praticiens : « Pendant que l'évaluation est conduite, je ne forcerai pas les médecins qui ne souhaitent pas appliquer cette réforme à le faire. »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes