Après les anciens ministres de la Santé, c'était lundi 6 juillet au tour du directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch et son homologue des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) Christophe Gautier d'être entendus par l'Assemblée nationale dans le cadre de la commission d'enquête sur la gestion du Covid-19.
Durant plus d'une heure et demie, les deux hommes ont défendu leur action au cœur de l'épidémie. L'un comme l'autre assurent avoir fait au mieux pour rendre leur CHU « compatible avec la prise en charge du Covid » en dépit des tensions notamment sur les protections pour les personnels et les capacités de réanimation.
Il l'avait déjà affirmé au mois de mai, Martin Hirsch l'a redit hier. En Île-de-France, « nous avons travaillé pour ne priver aucun patient d'une possibilité d'accès aux soins critiques ». Le patron de l'AP-HP assure que tout au long de la période, le choix des patients admis en réanimation n'a été guidé que par des « critères médicaux », les mêmes qui aiguillent les décisions des médecins « en dehors de toute crise ».
Les évacuations sanitaires, « pas de la paillette »
« Dans les critères d’éligibilité, la balance bénéfice risque a toujours été pesée, c'est ce qui a conditionné l'expansion très importante des capacités de réanimation de façon à ne jamais être sous le critère limitatif de la capacité », a abondé Christophe Gautier des HUS.
Grâce au renfort de 10 000 personnels et à la « réactivité » de ses équipes, l'AP-HP a pu ouvrir des lits de réanimation en urgence. Les transferts en train ou en avion de certains patients vers d'autres hôpitaux du territoire ont aussi été salvateurs pour le CHU francilien. « Les évacuations sanitaires ne sont pas de la paillette, elles ont sauvé des vies », a fermement affirmé Martin Hirsch en réponse directe au rapport à charge de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) qui qualifie ces opérations « d'esbroufe ».
« Les évacuations sanitaires ont été indispensables pour permettre à chaque patient de bénéficier des soins adaptés à son état », a appuyé Christophe Gautier qui se dit lui aussi « heurté par ces polémiques récentes ».
Le patron de l'AP-HP a par ailleurs répondu aux « accusations graves » du Pr Didier Raoult lors de son passage devant les députés. Celui-ci avance un taux de mortalité dans les services de réanimation du CHU francilien de 43 % contre 16 % à Marseille. « Le taux de mortalité définitif dans les services de soins critiques ne sera connu que lorsque tous les patients seront sortis », a précisé Martin Hirsch qui estime un taux provisoire « de 31 à 35 % ».
1,2 million de sacs plastiques
S'agissant des approvisionnements en masque, « à aucun moment il n'y a eu de pénurie nette », a martelé Christophe Gautier. Si le CHU de Strasbourg a accusé des « phases de tension, notamment entre le 4 et le 23 mars », il a toujours été en mesure d'équiper ses personnels selon les doctrines en place et subvenir à ses besoins qui s'élèvent à 114 000 masques par mois. Cela n'aurait pas été possible sans l'aide du stock d'État. Le CHU de Strasbourg en a bénéficié à huit reprises entre le 6 mars et le 11 mai pour un total de 2 millions de masques chirurgicaux, relate son directeur général.
Une situation semblable est rapportée à l'AP-HP, ou Martin Hirsch reconnaît des « périodes difficiles », mais assure avoir « éviter la pénurie » en matière de masques. Le patron de l'AP-HP admet toutefois un manque criant de surblouses. Pour s'en procurer, « nous avons appelé la terre entière », se souvient le haut fonctionnaire. La rupture était telle que la direction francilienne a été contrainte de recommander « l'utilisation de sacs plastiques à découper au cas ou ». « Nous en avons commandé 1,2 million », précise Martin Hirsch. « Cette période a été particulièrement inconfortable pour nos personnels », reconnaît-il.
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