Un contrepoids au discours antivaccinal dominant manque cruellement sur le net. La problématique a fait l’objet d’échanges animés lors des 2es Assises Nationales du Vaccin, à Paris, le 16 mars dernier.
Comme l’a commenté le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue et coordinateur d’INFOVAC, site d’informations et de consultations sur les vaccins : « Internet, c’est la PCR de la rumeur. Le phénomène devient débordant ». Les détracteurs de la vaccination envahissent la toile et « quand vous cherchez le mot vaccin sur Google, la première page est quasiment trustée par les antivaccinaux ». Depuis l’épidémie de grippe H1N1, le scénario se répète à chaque « affaire », - HPV, rougeole, grippe saisonnière, et récemment rotavirus -, nourrissant un peu plus la défiance vaccinale. Sans personne en face pour assurer la repartie.
Répondre aux « hawks »
Si, de l’avis de tous, la vaccination doit être associée à une pédagogie forte et soutenue, le défi de l’information sur le net n’est pas facile à relever. Il est double, d’un côté apporter de l’information objective et validée, de l’autre, diluer la mauvaise, communiquer sur les réseaux sociaux et répondre point par point aux « hawks ». Une communication tous azimuts et envers tous publics... y compris les professionnels de santé, de plus en plus réservés vis-à-vis de la vaccination. Et comme le souligne le Pr Bruno Lina, virologue spécialiste de la grippe à Lyon : « les vaccinateurs n’ont pas les outils pour répondre de façon tranchée et claire aux questions des patients ». À cela, pour le Dr Cohen, s’ajoute le fait que les politiques n’affichent pas toujours de positionnement clair, comme par exemple au sujet de la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium.
Pour Bruno Lina, il est essentiel de préserver « l’honnêteté du discours », contrairement aux antivaccinateurs qui jouent sur les peurs et les fantasmes et véhiculent « un ramassis d’âneries » de l’ordre du « délire interprétatif » très difficiles à démonter. D’un avis unanimement partagé, l’information se doit d’être la plus objective possible. « Les réponses doivent comporter des références scientifiques, renchérit Robert Cohen. Ce qu’il faut, c’est créer un site dédié officiel, qui fournisse des ressources documentaires fiables ».
Un manque de moyens
La question centrale est de déterminer qui assurera cette communication. Experts scientifiques, laboratoires pharmaceutiques, agences sanitaires, élus politiques se renvoient la balle. « Les élus ne sont pas crédibles, met en garde la sénatrice Fabienne Keller, auteur d’un rapport sur les maladies émergentes infectieuses (2012). Pour bien communiquer, il faut faire porter le message par un bon émetteur ». Ainsi, les industriels, qui ont longtemps assuré le financement et l’organisation de campagnes d’information, ne se sentent aujourd’hui plus légitimes pour le faire. Si les experts scientifiques le sont, la tâche est sans fin. « C’est un travail à temps plein, tranche Robert Cohen. Les moyens n’existent pas aujourd’hui ».
L’absence de volonté politique claire est, de nouveau, pointée du doigt. Le Dr Cohen ne mâche pas ses mots : « Les politiques laissent les professionnels seuls et ne soutiennent pas les autotités de santé quand elles lancent une campagne de vaccination. Ils se débattent dans l’indifférence générale. » Le Dr Odile Launay, vice-présidente du Comité Technique des vaccinations, renchérit : « Pour être efficace, il faut communiquer tout le temps, en permanence. L’INPES n’a pas de moyen pour les vaccinations. C’est un choix politique ». Fabienne Keller regrette elle aussi « qu’aucun acteur public ne se sente responsable de diffuser la bonne information » et propose le modèle américain où l’agence des Centers for Disease Control (CDC) paie des prestataires pour aider à le faire. Une plate-forme interactive où seraient réunis tous les acteurs concernés pourrait être une solution pour remplir les missions d’information et de communication autour du vaccin.
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