LE QUOTIDIEN : Certains médecins craignent de se retrouver pieds et poings liés avec les tiers payant généralisé que défend la Mutualité Française. Ont-ils raison ?
ÉTIENNE CANIARD : Les médecins souhaitent un système de tiers payant simple, rapide et leur assurant une garantie de paiement. C’est pourquoi les complémentaires santé se sont réunies pour leur proposer une solution répondant à leurs attentes. Ce dispositif sera testé avec les professionnels et nous serons en mesure de déployer un système performant et opérationnel au 1er janvier 2017.
Beaucoup de médecins craignent le développement des réseaux de soins mutualistes et leurs corollaires : pression sur les tarifs et sélection des professionnels…
Il n’y a pas de projet de réseaux de soins avec les médecins. La loi ne l’autorise pas. Les complémentaires santé peuvent contractualiser avec les opticiens, dentistes et audioprothésistes pour donner accès à leurs assurés à des soins de qualité à un tarif négocié. Cependant, face à l’absence de revalorisation des honoraires, les suppléments de rémunération revendiqués par de nombreux médecins ne peuvent être envisagés sans un système d’engagements réciproques avec les complémentaires.
On reproche aussi souvent aux complémentaires leur opacité et leurs frais de gestion illisibles… Comment cela pourrait-il changer ?
Concernant les frais de gestion, transparents puisque publiés lors des assemblées générales, les mutuelles sont bien placées. Leurs frais d’acquisition et de communication ne représentent que 5,5 % des cotisations. La complexité des tableaux de prestations est quant à elle avant tout le fruit du maquis tarifaire des régimes obligatoires.
Les médecins reprochent souvent à la Mutualité d’être un « ministère de la Santé bis ». Quel est son pouvoir réel sur le monde politique ?
La Mutualité Française représente près de 500 mutuelles, leaders de la complémentaire santé en France avec 55 % de parts de marché. Elle rassemble aussi 2 500 établissements de soins et d’action sociale où travaillent plus de 15 000 professionnels de santé. Elle est donc un interlocuteur majeur des pouvoirs publics, ni plus ni moins que les autres acteurs du système. La Mutualité déplore souvent ne pas être entendue… comme les médecins d’ailleurs à qui l’on prête pourtant une influence électorale majeure !
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