Avant le vote définitif des grands électeurs le 14 décembre puis son investiture le 20 janvier 2021 à la Maison-Blanche, le président élu des États-Unis Joe Biden a déjà dévoilé ses cartes concernant la santé. Contrairement à son prédécesseur Donald Trump, le démocrate veut étendre la couverture santé des Américains et engager beaucoup plus fortement l'État dans la lutte contre le Covid.
En premier lieu, Joe Biden défendra l'héritage de l'Affordable Care Act (ACA ou Obamacare) et en étendra même certains principes. L'objectif est « d'assurer 97 % des Américains », indique son programme de campagne, en augmentant les dotations fédérales pour acquérir des polices d'assurance. Mise en place sous le second mandat d'Obama en 2013, puis fortement décriée sous Trump, cette loi empêche les assureurs de refuser une couverture médicale aux personnes avec des pathologies préexistantes (diabète, cancer, maladies cardiovasculaires) et a permis à 21 millions d'Américains d'obtenir une assurance-maladie.
Les démocrates veulent également réformer les programmes Medicare (assurance pour les personnes âgées, 60 millions de personnes couvertes en 2018) en baissant l'âge d'éligibilité de 65 à 60 ans, et Medicaid (pour les plus pauvres et personnes handicapées, 68 millions de bénéficiaires) en augmentant les financements fédéraux. Dans la même veine, Joe Biden souhaite créer une option d'assurance publique pour les personnes sans assurance et n'ayant pas accès à Medicare et Medicaid.
Gratuité
La crise sanitaire, à laquelle les États-Unis continuent de payer un lourd tribut (268 023 décès), sera une des priorités absolues du nouveau président. Joe Biden, qui a beaucoup critiqué la gestion improvisée de Trump sur ce terrain, souhaite reprendre la main sur toute la stratégie de prévention (port du masque, distanciation), éclairé par un conseil scientifique ad hoc, déjà nommé et composé d'une dizaine de médecins.
Il envisage d'intensifier la production d'équipements de protection, de rendre gratuits les tests de dépistage et les vaccins contre le Covid, ou encore de résoudre le problème des « surprise medical bills », ces frais de santé imprévus très coûteux pour un simple test ou une prise en charge aux urgences – qui auraient explosé pendant la crise Covid, selon le « New York Times ».
Pas de réforme structurelle sans majorité
Reste que ce programme santé ambitieux comporte plusieurs inconnues, dont la composition du Congrès, qui peut bloquer nombre d'initiatives dans ce domaine. « Biden devra avoir une majorité confortable, notamment au Sénat, pour faire passer une réforme structurelle de santé, analysait, lors de l'élection, Anne-Laure Beaussier, chercheuse à Sciences Po Paris. Si le paysage législatif est bloqué, le président aura les mains liées. » Des seconds tours doivent se tenir début janvier pour départager des candidats sénateurs dans certains États.
La mise en place d'une assurance publique devrait également donner beaucoup de fil à retordre à Joe Biden, estime la politologue Nicole Bacharan, spécialiste des États-Unis. « Cette option publique est une illusion je le crains, les compagnies d'assurances, avec lesquelles il va falloir négocier, risquent de refuser l'idée d'une protection universelle », analyse-t-elle.
Quant à l'Obamacare, son avenir se jouera aussi à la Cour suprême dans les mois à venir. La plus haute juridiction des États-Unis, désormais à majorité conservatrice depuis la récente nomination de la juge Amy Coney Barrett, a déjà examiné une demande d'annulation de la loi depuis l'élection début novembre… Selon Anne-Laure Beaussier, la Cour suprême « autonome et indépendante du pouvoir » continuera d'examiner les recours contre cette loi emblématique. Et pourrait déclarer certains pans de l'Obamacare inconstitutionnels, au grand dam des démocrates.
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