« Madame la ministre, on est ravi de voir votre sourire. » En d'autres circonstances, ces mots prononcés par le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) Lamine Gharbi pourraient prêter à confusion. Mais ce jeudi 12 décembre, lors des Rencontres et Trophées de la FHP, ils ne dénotaient pas avec l'ambiance « tête à tête » donnée à l'intervention d'Agnès Buzyn.
Pour la troisième année de suite, la ministre de la Santé s'est livrée à une discussion sans filtre avec le président Gharbi devant plus de 300 spectateurs. Et comme les années précédentes, le courant est passé. Le patron des cliniques n'a cessé de saluer les « promesses tenues » et l'écoute d'Agnès Buzyn qui, de son côté, a assuré vouloir continuer à « travailler main dans la main » avec le secteur privé.
Jamais loin de sa casquette de syndicaliste, Lamine Gharbi a profité du moment pour faire une série de demandes à la ministre. Sur les tarifs tout d'abord, la locataire de Ségur a assuré qu'elle s'efforcerait jusqu'à la fin du quinquennat de proposer une hausse supérieure au taux plancher de 0,2 % promis avec Édouard Philippe lors des récentes annonces pour l'hôpital. « Si nous pouvons faire mieux, nous ferons mieux », a-t-elle fermement déclaré. Quelque peu jaloux du secteur public, dont l'État va reprendre 10 milliards d'euros de dette, Lamine Gharbi s'est vu néanmoins opposer une fin de non-recevoir à une décision équivalente pour le privé.
La question de l'allocation des crédits de l'incitation financière pour l'amélioration de la qualité (IFAQ) a aussi été posée sur la table par le président de la FHP. Cette enveloppe (prise sur les tarifs) est passée de 50 millions d'euros en 2018 à 200 millions d'euros en 2019 avant d'atteindre le milliard en 2022. Si les cliniques sont favorables – et précurseurs – au paiement à la qualité, elles se méfient, à l'instar de Lamine Gharbi, d'une « dérive statistique » des indicateurs au fur et à mesure de leur développement et réclament un « étalonnage en cours d’année » de cette ressource de taille jusqu'ici restituée une fois l'an. « Je comprends votre problématique, nous allons y travailler », lui a répondu Agnès Buzyn. « Il y a actuellement une réflexion sur l'IFAQ, je pourrai vous faire des annonces l’année prochaine. » Pour rassurer son interlocuteur, Agnès Buzyn a également exprimé son souhait « d'améliorer la compréhension de l'intérêt des indicateurs afin d'être certain que ça serve la qualité des soins ».
Quand je dis, je fais
Interrogée ensuite sur la place de l'activité de soins de suite et réadaptation (SSR) dans la réforme à venir du financement, la ministre a encore apaisé le secteur. « La montée en charge va être très progressive, on commence en 2021 et la bascule se fera jusqu'en 2026, on a le temps de rectifier », a-t-elle promis.
La ministre n'a toutefois pas hésité à refuser certaines demandes, parfois utopistes, du patron des cliniques. Une garantie de hausse de tarifs à 1 % ? C'est non. Un ONDAM à 3 % ? Ce n'est pas possible. Plus d'autorisations pour ouvrir des services d'urgences ? Il faut étudier les refus des agences régionales de santé (ARS).
Entre Agnès Buzyn et la FHP, le dialogue est « constant et constructif », apprécie toujours Lamine Gharbi. « Vous acceptez que je vous dise non, de temps en temps je dis oui, et quand je dis, je fais », a-t-elle conclu sous les applaudissements nourris d'un auditoire conquis.
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