Se faire vacciner ou pas ? Un dilemme pour les Italiens en général mais aussi pour les professionnels de santé particulièrement qui n'hésitent pas à contester publiquement la fiabilité des candidats vaccins.
À des recherches jugées trop rapides s’ajoute le manque de publication de données définitives, estiment de nombreux praticiens italiens. C’est le cas du Pr Andrea Crisanti, médecin virologue qui avait réussi à circonscrire l’épidémie de SARS-CoV-2 en Vénétie, l’une des deux régions frappées de plein fouet en mars avec la Lombardie. « La séquence normale des trois phases des essais cliniques n’a pas été respectée, tout a été beaucoup trop vite, aussi, en l’absence de publication des données, je ne me ferais pas vacciner », a déclaré ce praticien en direct il y a quelques semaines.
Des propos très inopportuns aux yeux du Pr Massimo Clementi, directeur du laboratoire de microbiologie et virologie de l’hôpital San Raffale de Milan. « Les agences de régulation sont des institutions sérieuses qui examinent systématiquement toutes les données, affirme-t-il au Quotidien. Celles-ci sont toujours publiées à partir du moment où les agences donnent leur feu vert. »
Plan de bataille
Il n'empêche. Cette méfiance d’une partie du milieu médical suscite les inquiétudes du gouvernement transalpin. Avec le coup d’envoi de la campagne de prophylaxie fin janvier, 1,4 million de soignants considérés comme prioritaires devraient être eux-mêmes vaccinés. Mais compte tenu du faible taux d’adhésion des médecins hospitaliers aux plans annuels de vaccination antigrippale (entre 30 et 40 % selon les régions), le ministère de la Santé craint le pire.
Car un échec, même relatif, auprès des soignants italiens alimenterait les doutes, voire la défiance de la population générale, alors que ces professionnels de santé seront impliqués dans la plus grande campagne de vaccination de toute l’histoire de l'Italie.
D'où l'idée d'un plan de bataille pour convaincre et embarquer le maximum de soignants dans cette vaccination. Ce plan prévoit l’implication de l’Institut supérieur de la Santé, principal institut de recherche biomédicale et de santé publique en Italie, pour sensibiliser et former à distance les professionnels de santé. Toutes les catégories seront concernées, le gouvernement voulant aussi enrôler les pharmaciens pour conduire la campagne de vaccination tout au long de l'année 2021.
Rassurer
Pour rassurer les soignants, la stratégie est d’abord de leur fournir en toute transparence, et en temps réel, des données essentielles sur les différents types de prophylaxie, à commencer par les vaccins à ARN de Pfizer/BioNTech et Moderna. En France, le Pr Éric Caumes, chef du service d'infectiologie à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, avait estimé il y a quelques jours que l'on manquait encore de « recul » sur les vaccins à ARN messager anti-Covid 19.
Le gouvernement veut également impliquer au maximum les sociétés savantes des différentes spécialités et professions porter les messages de vaccination.
Enfin, l’idée est d'épauler directement les médecins de terrain dans la communication avec les patients sur ce sujet hautement sensible. Une opération très difficile, confie déjà le Dr Alessandro Sabatini, lui-même dubitatif. Ce généraliste conventionné, dans un quartier aisé de la banlieue romaine, fait partie des praticiens « vaccino-sceptiques ». « Les éventuels effets secondaires n’ont pas pu être étudiés compte tenu de la rapidité des recherches, les vaccins à ARN sont nouveaux et nous manquons de données définitives, tout est encore flou. Je n’ai pas très envie de me faire vacciner mais je n’aurai probablement pas le choix. »
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