En Alsace, la tentation de la transgression

Publié le 21/01/2016
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La contestation tarifaire démarre timidement en Alsace, elle est souvent à l’initiative de médecins syndiqués. Des réunions locales doivent avoir lieu dans les prochaines semaines pour sensibiliser la profession à la problématique tarifaire.

Généraliste à Mundolsheim près de Strasbourg, le Dr Manuela Plaum vit sa demande de consultation à 25 euros comme une « transgression ». Elle applique un tarif majoré depuis quelques jours. Elle le fait au nom du principe d’égalité tarifaire et parce que « les consultations sont de plus en plus longues et complexes, et doivent être revalorisées ».

« J’ai mis une affiche dans ma salle d’attente, et j’explique pourquoi je suis passée à 25 euros », poursuit cette adhérente de MG France, qui demande systématiquement à ses patients si cette augmentation leur pose un problème financier. Si la réponse est oui, le médecin demande un C à 23 euros. Dans le cas contraire, elle ajoute un DE de deux euros. « La plupart des patients comprennent ma démarche, même si j’ai été surprise de voir que cela gênait certains dont je n’imaginais pas la situation avant de leur en parler », poursuit-elle.

Exerçant dans une maison médicale à Strasbourg, le Dr Veena Augustin applique le CS + DE… quand son logiciel le veut bien, parce qu’il bloque parfois lors de cette opération, explique-t-elle. Dans ce cas, il arrive à la généraliste de faire des feuilles de soins papiers. Elle aussi n’applique la majoration qu’après avoir expliqué ses raisons aux patients. Elle ne le fait ni pour les CMU, ni pour les ALD et rappelle que dans tous les cas, « il n’est pas question de pénaliser les patients ».

Difficile aussi de s’engager parmi les premiers dans un mouvement tarifaire. « Ce ne serait pas une bonne idée de se lancer tout seul », explique le Dr Nicolas Cartier (CSMF), à Benfeld, « mais dès que nous l’aurons décidé collectivement, je le ferai aussi ». Le généraliste a déjà évoqué cette mesure avec ses patients, qui pour « la plupart la comprennent et la soutiennent ». Il n’est pas facile de présenter un tel mot d’ordre, ajoute-t-il, mais lorsqu’on parle de respect de la profession, les patients l’admettent mieux.

La CPAM du Bas-Rhin n’a détecté pour le moment « aucune dérive inquiétante » des dépassements d’honoraires des généralistes de secteur II. La caisse rappelle qu’elle pourrait réagir si la situation venait à évoluer.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9464