En 2008, j’ai coprésidé avec Annie Podeur directrice de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins, à la demande de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, les États Généraux de l’Organisation de la Santé (EGEOS). Ces EGEOS étaient « l’occasion pour les patients, les élus et les professionnels de santé d’entendre une pluralité de point de vue, de confronter leurs avis, de partager un diagnostic et de proposer des mesures susceptibles d’améliorer l’accès des patients à des soins de proximité et de qualité ».
Plus de 100 personnes ont été auditionnées et deux séances se sont tenues en région pour plus de proximité avec le « terrain ».
Il faut convenir que 15 ans plus tard on en est au même point, concernant les difficultés d’accès aux soins pour tous, conduisant le chef de l’État à proposer une grande concertation.
Bonne méthode, résultats décevants
Au cours des EGEOS, la méthode utilisée pour donner la parole au plus grand nombre était bonne, les constats ont été largement partagés, et les propositions très majoritairement soutenues.
Alors pourquoi nous en sommes au même point avec notamment des déserts médicaux qui n’ont fait que se multiplier ?
Il y a, sans doute, plusieurs raisons. J’en pointerai deux.
Insuffisance de suivi des recommandations
La principale est l’absence de suivi des recommandations faites. C’est vrai pour le rapport des EGEOS comme pour d’autres rapports. Pour ma part, j’ai piloté plusieurs missions, notamment le rapport de 2002 « Démographie des professions de santé ». Il était préconisé par exemple d’augmenter le numerus clausus de médecine à 8 000 en 2007. Ce chiffre n’a été atteint que dans les années 2020. J’ai proposé dans plusieurs rapports dès 2002 de faciliter le transfert de tâches et de compétences, de créer des métiers intermédiaires entre les métiers socles tel celui d’infirmière, et les médecins. On a créé les pratiques avancées seulement entre 2016 et 2018. Le retard des décisions est chaque fois considérable et particulièrement pénalisant.
Écouter les jeunes en priorité
Un deuxième point que je soulignerais c’est l’attention que l’on doit porter aux représentants des filières de santé qui sont les interlocuteurs. Il me paraît nécessaire d’ouvrir plus largement et surtout de donner la parole aux plus jeunes car ce sont eux qui vont être concernés au premier chef et qui apporteront des données essentielles quant à la façon dont ils envisagent d’exercer leur profession. On l’a bien vu, au cours de toutes ces années, le comportement des jeunes générations vis-à-vis de leur exercice médical s’est modifié par rapport à celui de leurs aînés et cela a une influence sur l’organisation de l’offre de soins.
Avoir l’avis des plus jeunes et mettre en place une commission de suivi pour veiller à l’application des mesures proposées sont deux éléments sur lesquels il me semble nécessaire d’insister.
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie