Dans la banlieue sud d’Athènes, à Paleo Faliro, une pancarte avec le slogan « l’espoir arrive » a été positionnée sur la promenade du front de mer.
Le Dr Yannis Bitzikas distribue des tracts du Syriza, le parti de gauche radicale, en tête des sondages à l’approche des élections législatives de dimanche prochain.
Le Dr Bitzikas, la cinquantaine, votait jusqu’en 2009 pour le parti du Premier ministre, la Nouvelle Démocratie ; mais en mai dernier il a été élu avec le Syriza au conseil municipal de Paleo Faliro. « Les coupes budgétaires dans la santé ont des conséquences dramatiques. Nous vivons une crise humanitaire en Grèce », explique le généraliste pour justifier son revirement politique.
La nourriture avant les vaccins
Le parti Syriza entend revenir sur la réduction drastique des dépenses publiques de santé qui a été imposée par les créanciers de la Grèce (FMI, Commission européenne, Banque centrale européenne). Rien qu’en 2011, les dépenses de santé ont chuté de 11 % au gré de coupes dans les salaires, de licenciements et d’une baisse de la participation de l’Etat dans l’achat de médicaments.
Pour le Dr Bitzikas, la déliquescence du système de santé se produit à un moment où il aurait dû soutenir, justement, les familles les plus vulnérables. « Les personnes âgées qui ont vu leur retraite amputée et doivent subvenir aux besoins de leurs enfants souvent au chômage réduisent leurs visites médicales et prennent moins souvent leurs médicaments, soupire-t-il. Les familles ne pensent qu’à nourrir leurs enfants et ne soucient plus par exemple de les faire vacciner ».
Autre problème, explique ce médecin : « le manque de personnel qui entraîne la surcharge des services et une baisse dans la qualité des soins ». Le gouvernement grec s’est engagé à réduire le personnel médical de 20 % entre 2011 et 2013.
Le Dr Makis Mantas, médecin et membre du comité central du parti Syriza, affirme qu’« un des premiers objectifs d’un gouvernement Syriza serait de renforcer les structures publiques de santé ». Avant d’ajouter que dans les deux années à venir, on aura besoin de 3 000 médecins supplémentaires.
Exercice bénévole
En Grèce, près de 30 % de la population n’est plus couverte par la Sécurité sociale. Le Syriza souhaite que
« tout le monde, y compris les chômeurs et les immigrés, puisse avoir accès aux soins gratuitement », assure Makis Mantas.
Face à la détresse de ses patients, le Dr George Vichas, cardiologue, a ouvert en 2011 le premier dispensaire social à Elliniko (au sud d’Athènes) pour leur fournir des soins et des médicaments gratuits. « Les malades venaient me voir à l’hôpital et me racontaient qu’ils ne pouvaient pas payer leurs traitements. J’ai donc réuni des collègues et nous avons ouvert ce centre. Nous sommes une centaine de médecins, de spécialités différentes, qui y travaillent bénévolement désormais », raconte le cardiologue qui se présente aux législatives sous l’étiquette... Syriza.
Mais de nombreux patients couverts par la Sécu viennent aussi dans les dispensaires. En 2011, le prix des visites médicales dans les structures publiques a augmenté de 3 à 5 euros. Le reste à charge des patients pour l’achat des médicaments a augmenté de 10 %. Et de nouveaux frais ont surgi, comme une franchise d’un euro par prescription.
Témoin de ces bouleversements, le Dr Stratis Emmanouilidis, endocrinologue dans un centre de santé dans la banlieue d’Athènes, soutient lui aussi le Syriza, comme « beaucoup de ses collègues ». « Les structures publiques sont plongées dans la chaos par la faute du gouvernement actuel, accuse-t-il. Il faut que ça change ! ».
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